Romans et littérature
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Merle Robert : Derrière la vitre
«Au huitième étage de la tour, les étudiants, assis dans les fauteuils des mandarins, s'emparaient symboliquement du pouvoir. Au sixième étage, un homme seul luttait contre la mort. Au rez-de-chaussée, une foule d'étudiants et, mêlés à eux, bon nombre de professeurs, à leur insu dépossédés, communiaient dans le culte de la musique classique.» Nanterre vu par Robert Merle. Son roman retrace, heure par heure, la journée qui allait devenir historique du 22 mars 1968, où quelques «enragés» occupèrent, dans la tour de l'Université, la salle du conseil des professeurs. Personnages réels (le doyen Grappin, Daniel Cohn-Bendit) et créatures romanesques se mêlent pour donner une image complète de la jeunesse, des professeurs, et de tous ceux dont les problèmes individuels allaient déboucher sur une contestation générale.
édition : 12/1970 (le visuel correspond à une édition plus ancienne, le poche n'existant plus).12,10 € -
Michel Nicolas : Le chant noir des baleines
C’est un roman classé dans la catégorie « ado ». Mais rien n’interdit aux adultes de le lire. C’est même conseillé. En effet, ce livre parle d’une histoire oubliée, celle d’un paquebot nommé l’Afrique qui a sombré au large de l’estuaire de la Gironde, il y a tout juste un siècle, en janvier 1920. Près de 600 personnes sont mortes noyées, dont environ 150 tirailleurs sénégalais qui devaient enfin rentrer chez eux. C’est à ce jour la plus grosse catastrophe maritime française qu’il fallait, pour l’auteur, absolument rappeler pour « réparer l’oubli à l’heure où la Méditerranée engloutit chaque jour des dizaines de migrants ».
Tirailleurs sénégalais Un gamin de 11 ans vit seul avec sa mère sur l’île de Ré, à côté du phare des Baleines, son père n’est jamais revenu de la guerre. Il ne va pas à l’école, et il occupe ses journées en pêchant sur la plage pour améliorer le quotidien d’une vie pauvre. Un jour, il découvre un naufragé, un noir, couché et inconscient, il n’est pas mort. Alors, avec sa mère, ils vont le sauver, le soigner, le protéger. À partir de la vie de ce petit garçon et de sa mère, voilà qu’on découvre celle de cette personne noire, soldat sénégalais. Il va raconter à ses sauveurs, il va nous raconter, comment il s’est retrouvé en France, embarqué de force par l’armée française, par les colons venus chercher des jeunes dans les villages, chez des peuples qui ne connaissent rien à la France, rien à ce qui se passait en Europe. Ces jeunes, des bergers comme lui, arrachés de leur vie, de leurs familles, partent en bateau, arrivent à Bordeaux, puis sont dirigés vers l’est, sur le front de guerre, pour vivre les horreurs de la guerre des tranchées. Le soldat décrit ce qu’il découvre, ce qu’il comprend peu à peu. C’est terrible bien sûr. On retrouve évidemment ce qu’a écrit David Diop dans son roman Frères d’âme (à lire aussi) sur ces tirailleurs sénégalais. Les scènes nous montrent le racisme, le colonialisme et tout simplement la barbarie d’une guerre où ce sont des opprimés qui s’entretuent. Et on découvre aussi qu’en janvier 1920, plus d’un an après la fin de la guerre, ces tirailleurs sénégalais ne sont pas encore rentrés chez eux. Nicolas Michel, journaliste à Jeune Afrique, nous raconte cette histoire avec beaucoup d’humanité, c’est émouvant. On s’attache au gamin, à sa mère, au soldat, tous victimes de la guerre et on a du mal à les quitter, se demandant comment ils ont vécu la suite. C’est un beau roman qui s’appuie sur tout ce qui est connu de l’histoire du naufrage. Philippe Poutouédition Talnts Hauts 09/201916,00 € -
Monénembo : Le terroriste noir
Le Terroriste noir est une fiction construite autour de la véritable histoire, aussi méconnue qu'extraordinaire, d'Addi Bâ. Addi Bâ est un jeune Guinéen né vers 1916, adopté en France à l'âge de 13 ans, et qui, devenu soldat pendant la Seconde Guerre, est affecté dans le 12e régiment des tirailleurs sénégalais. Capturé après la bataille de la Meuse, Addi s'évade, erre dans les forêts, avant d'être recueilli par le maire du village de Romaincourt. Élégant et mystérieux, à la fois austère et charmeur, il y fera sensation, mais ce n'est qu'un début : en 1942, il entre en contact avec la Résistance et crée le premier maquis des Vosges. Les Allemands le surnommeront " le terroriste noir ".
L'affaire est racontée 60 ans plus tard, dans un français mâtiné de patois vosgien, par celle qui n'était qu'une jeune fille à l'époque ; c'est chez ses parents que le tirailleur venait écouter Radio-Londres, c'est chez eux qu'il prenait ses repas et faisait laver son linge. Qui a trahi Addi Bâ ? Une de ses nombreuses amantes ? Un collabo professionnel ? Ou tout simplement la rivalité opposant les Tergoresse et les Rapenne, deux familles aux haines séculaires ? Parce qu'il était noir, ce combattant de la France libre n'a reçu la médaille de la Résistance qu'en 2003, soit 60 ans après son exécution. édition février 20136,50 € -
Mordillat : La brigade du rire
Il y a Kowalski, dit Kol, né en colère. Betty, licenciée de l’imprimerie où elle travaillait. Dylan, prof d’anglais et poète. Les jumelles Dorith et Muriel, pour qui la vie est une fête permanente. L’Enfant-Loup, coureur et bagarreur. Suzana, infirmière en psychiatrie. Rousseau, beau gosse et prof d’économie. Hurel, industriel, lecteur de Marx et de Kropotkine. Isaac le rouquin, distributeur de films, et Victoria que personne n’attendait… Constitués en « Brigade du rire », par jeu, ils kidnappent Pierre Ramut, l’éditorialiste vedette de Valeurs françaises, et, dans un bunker transformé en atelier, l’installent devant une perceuse à colonne. Forcé de travailler selon ce qu’il prescrit dans ses papiers hebdomadaires – semaine de 48h, salaire de 20% inférieur au SMIC, productivité maximum, travail le dimanche –, Ramut saura désormais de quoi il parle… Il y a Kowalski, dit Kol, né en colère. Betty, licenciée de l’imprimerie où elle travaillait. Dylan, prof d’anglais et poète. Les jumelles Dorith et Muriel, pour qui la vie est une fête permanente. L’Enfant-Loup, coureur et bagarreur. Suzana, infirmière en psychiatrie. Rousseau, beau gosse et prof d’économie. Hurel, industriel, lecteur de Marx et de Kropotkine. Isaac le rouquin, distributeur de films, et Victoria que personne n’attendait… Constitués en « Brigade du rire », par jeu, ils kidnappent Pierre Ramut, l’éditorialiste vedette de Valeurs françaises, et, dans un bunker transformé en atelier, l’installent devant une perceuse à colonne. Forcé de travailler selon ce qu’il prescrit dans ses papiers hebdomadaires – semaine de 48h, salaire de 20% inférieur au SMIC, productivité maximum, travail le dimanche –, Ramut saura désormais de quoi il parle… Dans une grande fresque tragi-comique, fidèle à son univers – Vive la sociale, Les Vivants et les Morts – Gérard Mordillat parle du monde d’aujourd’hui, de ses injustices, de ses luttes, de ceux qui refusent de se soumettre et se vengent d’un grand éclat de rire.
édition poche : septembre 20168,90 € -
Mordillat : Les vivants et les morts
Lui, c'est Rudi. Il n'a pas trente ans. Elle, c'est Dallas. Bien malin qui pourrait dire pourquoi tout le monde l'appelle comme ça. Même elle a oublié son nom de baptême... Rudi et Dallas travaillent à la Kos, une usine de fibre plastique. Le jour où l'usine ferme, c'est leur vie qui vole en éclats, alors que tout s'embrase autour d'eux. A travers l'épopée d'une cinquantaine de personnages, Les Vivants et les Morts est le roman d'amour d'un jeune couple emporté dans le torrent de l'histoire contemporaine. Entre passion et insurrection, les tourments, la révolte, les secrets de Rudi et de Dallas sont aussi ceux d'une ville où la lutte pour la survie dresse les uns contre les autres, ravage les familles, brise les règles intimes, sociales, politiques. Dans ce monde où la raison financière l'emporte sur le souci des hommes, qui doit mourir ? Qui peut vivre ? 829 pages Edition : 2006
10,00 € -
Mordillat : Notre part des ténèbres
La nuit du 31 décembre, Gary et les autres membres de l'atelier de recherche mécanique de Mondial Laser, une entreprise de pointe vendue à l'Inde par un fonds spéculatif américain, prennent possession d'un navire de luxe, le Nausicaa. A bord, les actionnaires du fonds et leurs invités célèbrent au champagne une année de bénéfices records. Tandis que la fête bat son plein -bal masqué, orchestre, caviar - le Nausicaa est détourné. Il met cap au nord, vers la mer de Norvège, le Spitzberg, à la quête des grandes tempêtes d'hiver. Gary, Suz, Dargone, Doc, Amos, Maximilienne dite Maxi, Kiki, Isabelle, Jacqueline, Moïra... et cent autres de Mondial Laser veulent contraindre ceux pour qui ils n'étaient que des chiffres à connaître eux aussi le froid, les vagues en furie, la solitude, l'abandon... Dès lors, tout s'inverse. Ceux qui étaient condamnés à l'incertitude, à la précarité, à l'angoisse du lendemain, deviennent seuls maîtres à bord. La peur change de côté... 490 pages édition : janvier 2007
8,90 € -
Mordillat : Rouge dans la brume
Carvin, la trentaine, est ouvrier mécanicien dans une usine du Nord. Sa femme Chantal rêve de confort et de soleil. Ne supportant plus la dureté de leur vie ni les luttes quotidiennes, elle le quitte et emmène avec elle Océane, leur fille de quatre ans. Anath, la trentaine elle aussi, est DRH dans l’usine où travaille Carvin. Elle est mariée à un professeur d’université qui lentement s’éloigne d’elle, perdu dans les livres, l’alcool et d’inavouables secrets. Rien ne semblait devoir rapprocher Carvin et Anath. Un monde les séparait. Mais quand l’usine est brutalement fermée par ses actionnaires américains, qui rayent de la carte presque 400 emplois, la tempête qui se lève unit leurs destins. Les ouvriers s’insurgent, occupent le site, incendient le stock, les ateliers, les camions de ceux qui voulaient déménager les machines. La révolte se propage à une deuxième usine, puis à une troisième, portée par l’espoir que le pays tout entier s’embrase. C’est au cœur du brasier qu’Anath et Carvin se découvrent. Contre toute attente, contre toute raison, c’est dans la lutte que naît leur amour. L’un et l’autre n’ont plus rien à perdre, mais une vie à gagner. Sont-ils fous, criminels, insensés ? Ont-ils une chance de triompher ? Qu’importe ! Dans la folie du temps présent, ils auront su dire non. Ils auront fait entendre leur voix. Parution janvier 2011, 435 pages
8,10 € -
Mordillat : Vive la sociale
L'enfance de Gérard Mordillat est digne des romans de Queneau. Sous sa plume généreuse et vivante, il fait revivre, au travers de personnages hauts en couleur, les années 1960 et un quartier, le XXe arrondissement de Paris : un grand-père joueur de cornet dans l'orchestre du cirque Barnum, une grand-mère veuve de guerre qui pose pour des cartes postales, un père ouvrier et communiste, une mère américaine anarchiste, des bandes libres de gamins rebondissant aux quatre coins de Belleville et de Ménilmontant.. . Après le succès de son roman Les vivants et Les morts (Grand Prix RTL-LIRE 2005), il était urgent que soit réédité ce récit délectable et tendre de Mordillat.
154 pages Edition : 20056,00 € -
Mouawad Wajdi : Anima
Des chevaux s’extirpent — au galop — d’un poids lourd stationné sur une aire d’autoroute, camion qui les menaient à l’abattoir de l’autre côté de la frontière canadienne. On observe la scène par les yeux d’un oiseau de proie. Ils courent pour rejoindre les grands espaces, de l’autre côté de la route. Carnage ! Carnage des hommes et des bêtes : scène centrale et spectaculaire où leur sang coule ensemble. C’est un livre ignoble, difficilement supportable. Violence racontée crue, et aucun mot n’est là pour nous secourir : ils nous enfoncent dans nos zones d’ombre. Aucune complaisance à écrire cela. Lecteur : tu dois d’abord avoir surmonté bien des peines pour tenir le cap de Anima, tu dois être de ceux qui acceptent de voir l’être humain sans fard, sans béquille. Dès la première page qui s’ouvre sur une scène de crime — une femme assassinée, violée de la plus affreuse manière —, certains refermeront l’ouvrage. S’ils ne l’ont pas fait à ce moment là, ils en auront maintes fois l’occasion ; mais il faudra y revenir, s’accrocher aux pages ! Anima est le second roman du dramaturge d’origine libanaise Wajdi Mouawad. Écrivain d’un éternel exil, celui qui n’a de cesse de donner la parole à ceux « qu’il a appris à haïr » la passe, cette fois, à ceux que l’on a exclu du champ de notre belliqueuse humanité, si emmerdante à glisser éternellement dans ses vieilles revanches : les animaux nous voient, nous regardent ; eux aussi, après tout, survécurent au déluge. La lumière est de leur côté, dans ce livre. L’errance d’un époux meurtri au nom imprononçable, Wahhch Debch, à la recherche de l’assassin de sa femme dans une réserve indienne du Canada, est racontée, chapitre après chapitre, par les yeux d’un animal présent autour de lui. Bêtes, bestiaux, témoins des hommes et de leur bestialité : chiens, chats, araignées, souris, serpents, oiseaux, singes, fourmis, chevaux… Ce livre est bien plus qu’un polar : c’est le réceptacle de la boue d’une époque, de symboles, de mémoires, de questionnements que nous cessons d’avoir. Les yeux, les langues, les histoires y sont multiples. Dans ce road trip, un chien marchera près de nous, aussi protecteur que monstrueux, et au cœur d’une ville américaine, on trouvera des réponses sur Sabra et Chatila. Unique
édition : mai 20159,70 € -
Mukasonga : Notre-Dame du Nil
Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2 500 mètres d'altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d'accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l'intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cour de cette puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota «ethnique» limite à 10 % le nombre des élèves tutsi. Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un "vieux Blanc", peintre et anthropologue excentrique, assure que les Tutsi descendent des pharaons noirs de Méroé. Avec passion, il peint à fresque les lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et d'insoumises reines Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil, il y a trois millénaires. Non sans risques pour sa jeune vie, et pour bien d'autres filles du lycée, la déesse est intronisée dans le temple qu'il a bâti pour elle. Le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu, les amitiés, les désirs et les haines qui traversent ces vies en fleur, les luttes politiques, les complots, les incitations aux meurtres raciaux, les persécutions sournoises puis ouvertes, les rêves et les désillusions, les espoirs de survie, c'est, dans ce microcosme existentiel, un prélude exemplaire au génocide rwandais, fascinant de vérité, d'une écriture directe et sans faille édition Folio février 2014
8,20 € -
Muller Herta : Dépressions
«Cinq heures et demie du matin. Le réveil sonne. Je me lève, enlève ma robe, la pose sur l’oreiller, mets mon pyjama, vais à la cuisine, monte dans la baignoire, saisis une serviette, lave mon visage, prends le peigne, me sèche avec, prends ma brosse à dents, me coiffe avec, prends l’éponge, me lave les dents avec.»
En dix-neuf nouvelles d’une poésie brutale et déroutante, Herta Müller dévoile, à travers le regard d’une petite fille, l’univers clos de la communauté germanophone de Roumanie dans les années 1970, dont le quotidien ne semble être qu’oppression, mensonge et violence.édition : février 20187,60 € -
Nadeau : Le chemin de la vie
" Maurice est un blagueur. Un ironique. Un doux rêveur. Il n'en fait qu'à sa tête et n'en démord pas. C'est son désir qui le guide, éclairé par ses intuitions. Au fond, c'est un solitaire, mais qui peut avoir des tendresses. Maurice est de grande taille et, quand il vous prend dans ses bras, on a le sentiment d'être protégé. Maurice est un lecteur. Qu'il soit journaliste, écrivain ou éditeur, sa vie, faite d'austérité, de concentration et d'oubli de soi, est celle d'un lecteur. La lecture est une accoutumance, puis une addiction. Chez Maurice, c'est un choix qui est devenu au fil des ans une règle et un mode d'exister. Maurice est le lecteur qui a su nous faire partager le plus grand nombre de découvertes dans la littérature du XXe siècle, publiant, analysant, disséquant, commentant les textes du monde entier avec lesquels il nous donnait rendez-vous afin que nous ne puissions pas les manquer. Maurice n'a pas de bornes. Il se moque de l'âge, de l'origine, de l'histoire personnelle d'un écrivain. Ce qui l'intéresse, c'est le texte. Il a avec lui des rapports de gourmandise. Il ouvre les livres, les hume, les lâche, les reprend, les laisse reposer, les met en pénitence, les reprend et les relit. Après, il donne son avis. Maurice a raison : comme il le dit dans ces entretiens, s'il continue à vivre, c'est parce qu'il lit. "
16,25 € -
Ndiaye Marie : Trois femmes puissantes
Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s'appellent Norah, Fanta, Khady Demba. Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible. L'art de Marie NDiaye apparaît ici dans toute sa singularité et son mystère. La force de son écriture tient à son apparente douceur, aux lentes circonvolutions qui entraînent le lecteur sous le glacis d'une prose impeccable et raffinée, dans les méandres d'une conscience livrée à la pure violence des sentiments.
édition poche 2011 (le visuel correpnd au grand format)8,50 € -
Ngozi Adichie : Autour de ton cou
Lauréate de la loterie des visas, Akunna quitte le Nigeria pour les États-Unis ; elle y découvre un pays qui a bien peu à voir avec celui de ses attentes. À Kano, dans le nord du Nigeria, une violente émeute intercommunautaire réunit deux femmes que tout sépare : une marchande d’oignons musulmane et une étudiante issue de la bourgeoisie chrétienne de Lagos. Dans Nsukka blanchie par l'harmattan, James Nwoye, ancien universitaire au soir de sa vie, repense au rêve biafrais et attend, la nuit, les visites de sa femme défunte, qui vient caresser ses jambes fatiguées…
Voici quelques-uns des personnages des nouvelles d’Adichie ; ils composent une image complexe et riche de la réalité nigériane d’aujourd’hui, qui prend ses racines dans le passé et se prolonge dans l'expérience de l’émigration, une plongée émouvante, souvent poignante, tour à tour terrible et drôle, toujours vibrante d’humanité. édition : mars 20188,20 € -
Ngozi Adichie : L'hibiscus pourpre
L’Hibiscus pourpre dénonce, avec beaucoup de subtilité, les abus du dogme – religieux – et les dangers de l’emprise d’une personne sur une autre – du père sur sa fille. C’est aussi un roman initiatique : la Kambili de la fin n’a plus rien de commun avec la jeune fille naïve des débuts. Sous la plume de Chimamanda Ngozi Adichie, on vit avec elle les bouleversements existentiels qui s’opèrent avec plus ou moins de brutalité, un roman nigérian, une romancière nigérianne de très grans talent.
édition : avril 20167,80 € -
Nin Anaïs : Alice et autres nouvelles
Même dans leurs passages les plus descriptifs, les plus sexuellement explicites, il est difficile de qualifier ces récits d'obscènes ou de pornographiques. Ils sont simplement trop bien écrits pour cela [...]
édition : juin 20107,95 € -
Oates Joyce Carol : Confessions d'un gang de filles
Une petite ville ouvrière au nord de New York, dans les années cinquante. Cinq lycéennes forment une bande « Foxfire » vouée à l'orgueil, au pouvoir, et à la vengeance dans un monde que ces filles n'ont jamais intégré, un monde qui leur semble fait pour les mépriser et les détruire. Voici donc Maddy Monkey, la narratrice, Goldie dont le corps tranquille masque un tempérament explosif, Lana avec sa chevelure à la Marilyn Monroe et ses paquets de Chesterfield, la timide Rita dont l'humiliation amène FOXFIRE à son premier acte de vengeance, mais voici surtout l'inoubliable Legs Sadovsky et sa beauté glaciale. Legs dont le sang-froid, le culot, la force, la haine et la souffrance animent, soudent, embrasent ce gang marqué par une rage libératoire qui brûle trop ardemment pour durer. du complot, et l'inévitable dénouement de violence, le tout sous-tendu d'une infinie tendresse.
Née en 1938, auteur d'une trentaine de romans qui l'ont placée au premier rang des écrivains de notre temps, Joyce Carol Oates enseigne et vit à Princeton. 390 pages édition poche 04/20148,20 € -
Osorio : Double fonds
Qui est Juana ? Une militante révolutionnaire qui a trahi ? Une mère qui échange sa vie contre celle de son enfant ? Ou la prisonnière d'un cauchemar qui tente de survivre ? Une femme, médecin sans histoire, est retrouvée noyée près de Saint-Nazaire. La jeune journaliste locale ne croit pas à la thèse du suicide et remonte le fil : elle découvre l'horreur de la dictature argentine, et un étrange échange de mails entre un jeune homme en colère et une femme qui a bien connu cette période. Parallèlement, une mère raconte à son fils pourquoi il a dû grandir sans elle. Perdue dans les marécages de la dictature militaire, cette militante révolutionnaire a échangé sa liberté contre la vie de son enfant et accepté de collaborer avec la dictature, en particulier au Centre pilote de Paris. Traître aux yeux de tous, avec la survie pour seul objectif, elle va disparaître. Elsa Osorio construit un kaléidoscope vertigineux et bouleversant. Les péripéties s'enchaînent, haletantes : tortionnaires mafieux, violence, passion amoureuse, habileté à jouer avec les identités clandestines, dans un intense suspense psychologique. L'auteur de Luz ou le temps sauvage atteint ici le sommet de son art de romancière profonde et habile.
édition : janvier 201721,90 € -
Paasilinna : Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés
Le très distingué professeur Surunen, membre finlandais d’Amnesty International, las de se contenter de signer des pétitions, décide de prendre les choses en main. Il s’en va personnellement délivrer les prisonniers politiques qu’il parraine en Macabraguay, petit pays d'Amérique centrale dirigé par un dictateur fasciste sanguinaire. Après le succès de l’évasion de cinq d’entre eux, et non sans avoir goûté à la torture des geôles locales, Surunen accompagne l’un de ses protégés jusqu’au paradis communiste, un pays d’Europe de l’Est baptisé la Vachardoslavie. Là, il découvre le triste sort d’une poignée de dissidents enfermés dans un asile psychiatrique, et s’emploie à les libérer à leur tour. Revisitant à sa façon Tintin au pays des Soviets, Paasilinna renvoie dos à dos les dictatures de tous bords avec une ironie mordante et un sens du burlesque accompli.
édition : octobre 20168,20 € -
Padura : Ce qui désirait arriver
édition : mai 2017
7,40 € -
Padura : Hérétiques
En 1939, le S.S. Saint-Louis, transportant quelque 900 juifs qui avaient réussi à fuir l’Allemagne, resta plusieurs jours ancré au large du port de La Havane à attendre l’autorisation de débarquer ses passagers. Le jeune Daniel Kaminsky et son oncle avaient attendu sur le quai l’arrivée de leur famille, sûrs que le trésor qu’ils transportaient convaincrait les fonctionnaires chargés de les contrôler. Il s’agissait d’une petite toile de Rembrandt qui se transmettait dans la famille depuis le XVIIe siècle. Mais le plan échoua et le navire remporta vers l’Allemagne tout espoir de retrouvailles. Des années plus tard, en 2007, le tableau est mis aux enchères à Londres et le fils de Daniel Kaminsky se rend à Cuba pour savoir ce qui s'y était passé concernant sa famille et le tableau. Il réussit à convaincre le détective Mario Conde de l’aider. Celui-ci, reconverti dans le commerce des livres anciens, découvre que cette toile représentant le visage du Christ était le portrait d’un jeune homme juif travaillant dans l’atelier de Rembrandt et y ayant étudié la peinture, contre toutes les lois des religieux. Leonardo Padura fait ici un panorama de l’exercice de la liberté individuelle, du libre arbitre à travers diverses époques depuis Rembrandt dans l’Amsterdam du XVIIe siècle, décidant de représenter des individus et non des idées, puis le jeune juif qui ose désobéir au Consistoire et apprend à peindre, et décide ensuite de suivre un nouveau Messie, jusqu’à l’éclosion des tribus urbaines de La Havane où une jeune émo paye de sa vie l’exercice de sa liberté dans une société figée. Leonardo Padura écrit un livre magnifique et profond et se sert de son habileté d'auteur de roman noir pour nous amener, sous la houlette de son héros Mario Conde, à réfléchir sur ce que signifie notre libre arbitre.
édition poche : 20169,50 € -
Padura : L'homme qui aimait les chiens
Enfin en collection de poche .
En 2004, à la mort de sa femme, Iván, écrivain frustré et responsable d'un misérable cabinet vétérinaire de La Havane, revient sur sa rencontre en 1977 avec un homme mystérieux qui promenait sur la plage deux lévriers barzoï. Après quelques conversations, "l'homme qui aimait les chiens" lui fait des confidences sur Ramôn Mercader, l'assassin deTrotski qu'il semble connaître intimement. Iván reconstruit les trajectoires de Lev Davidovitch Bronstein, dit Trotski, et de Ramón Mercader, connu aussi comme Jacques Mornard, la façon dont ils sont devenus les acteurs de l'un des crimes les plus révélateurs du XXe siècle. À partir de l'exil de l'un et l'enfance de l'autre, de la Révolution russe à la guerre d'Espagne, il suit ces deux itinéraires jusqu'à leur rencontre dramatique à Mexico. Ces deux histoires prennent tout leur sens lorsque Iván y projette ses aventures privées et intellectuelles dans la Cuba contemporaine. Dans une écriture puissante, Leonardo Padura raconte, à travers ses personnages ambigus et convaincants, l'histoire des conséquences du mensonge idéologique et de sa force de destruction sur la grande utopie révolutionnaire du XXe siècle ainsi que ses retombées actuelles dans la vie des individus, en particulier à Cuba. Un très grand roman cubain et universel. Leonardo Padura est né à La Havane en 1955. Diplômé de littérature hispano-américaine, il est romancier, essayiste, journaliste et auteur de scenarii pour le cinéma. Il est l'auteur, entre autres, d'une tétralogie intitulée Les Quatre Saisons, publiée dans quinze pays. édition : janvier 2013 14,00 € -
Pagès : L'homme hérissé, Liabeuf tueur de flics
Liabeuf, tueur de flics.
« Il y a parmi nous des militants qui ont été insultés, giflés, assommés dans les postes de police par les cosaques de la République […]. Ohé ! les honnêtes gens ! Passez donc à cet apache la moitié de votre vertu et demandez-lui en échange le quart de son énergie et de son courage ! » Hiver 1910. Jean-Jacques Liabeuf, 24 ans, ouvrier cordonnier dans le quartier des Halles, est injustement condamné pour proxénétisme par des ripoux de la brigade des mœurs. Il entreprend de laver son honneur par ses propres moyens : des brassards cloutés, une lame affûtée et un revolver. Il devient un légendaire « tueur de flics » dont l’action d’éclat fera de nombreux émules, tout en gagnant la sympathie de la presse révolutionnaire. Après un procès retentissant, son exécution donnera lieu à l’une des plus grandioses émeutes populaires du XXe siècle, aux cris de : « Vive Liabeuf et mort aux vaches ! » Un an plus tard naissait la « bande à Bonnot ».édition octobre 202010,00 € -
Pattieu : Des impatientes
>Les "impatientes", ce sont elles deux, Alima Sissoko et Bintou Masinka, lycéennes de Seine-Saint-Denis, africaines par leur origine. Même couleur de peau mais si différentes dans leurs aspirations. L'une élève de première S, qui mise tout sur l'école, et rêve d'intégrer la préparation pour le concours Sciences Po. L'autre, grande gueule et formes exubérantes, abonnée aux sanctions et aux soirées en boîtes de nuit. "Fleurs de banlieue", les appellent leur jeune professeur d'histoire, Kévin Roullier, qui n'a pas peur du cliché, lui-même archétype de ces jeunes profs venus de région pour un premier poste en ZEP, abonné à meetic pour lutter contre la solitude... Mais comment se jouer des clichés sur ces banlieues qui alimentent tous les fantasmes pour mieux les dépasser ? C'est le pari de Sylvain Pattieu, dans son premier roman, en s'enfonçant dans le concret du quotidien de ses personnages. On arpente donc les lieux, à l'écoute des voix de Kévin, Alima et Bintou, on lit des dossiers scolaires, on ausculte les rêves. Mais sous l'anodin du quotidien, se dessine l'incident qui les réunit tous les trois, banal du quotidien lycéen mais qui, dégénérant, mène à l'exclusion des deux élèves. Catastrophe pour Alima, issue attendue pour Bintou. Irresponsabilité terrible de l'enseignant. On entre alors dans la deuxième partie du roman, autre lieu, autre exploration romanesque. Réunies dans le même sac, les deux ex-lycéennes vont soudain être plongées dans le monde du travail, par l'entremise de l'assistance sociale du lycée. Engagées toutes les deux comme caissières, 25 heures par semaine, dans un magasin de décoration au centre de Paris. Nouveau monde. Nouveaux codes. Sous le regard d'Aziz, le vigile ex-étudiant et longtemps sans papier, c'est le petit peuple des vendeurs et des caissières qui prend vie.
A nouveau les portraits sont dessinés d'un crayon tout à la fois fictionnel et sociologique. Le directeur sorti d'une petite école de commerce, la représentante CGT, les jeunes mères de famille employées à temps partiel vivant loin en banlieue. Jargon managérial, vexations et maladresses. Grève enfin, dans laquelle les deux gamines blacks se lancent avec leurs capacités de résistance, leur intelligence.
Finalement bien armées pour la vie, ces "corps impatients et âmes ardentes" vont résister au système. Un instant, l'ordre établi vacille. La grève sera brisée, mais pas elles. Dans ce premier roman, Sylvain Pattieu a l'originalité d'un historien du contemporain venu au roman, avec son souci du fait vrai et son respect de la complexité du réel. Comme un Georges Perec qui ausculterait les "Choses" d'aujourd'hui...
édition : octobre 20128,50 €
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