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Nous sommes tous des migrants.
Migration universelle, certes géographique, au-delà des frontières depuis des temps immémoriaux, mais aussi migration interne, migration culturelle, montant et descendant l'échelle sociale, et surtout migration temporelle : nous ne sommes jamais les mêmes, ni dans le même monde, au fil de nos vies. Mais, l'oubliant ou n'en ayant pas conscience, professionnels de la santé, du social, de l'éducation et de l'humanitaire, chercheurs, juristes, élus et honnêtes gens, nous creusons avec les autres, autochtones ou étrangers, une asymétrie dépourvue d'éthique ; exacerbons les maux que nous souhaitons pourtant combattre, dont la violence.
Jean Claude Métraux, pédopsychiatre, travaille depuis longtemps avec des migrants, au sens usuel, et plus généralement avec des familles vivant dans la grande précarité. Cette expérience l'a amené à repenser sa propre trajectoire, sa propre généalogie, en termes de migration. Il en tire des propositions radicalement nouvelles sur la relation d'aide, l'accompagnement, le travail clinique, l'enseignement et la recherche, qu'il traduit dans une pratique quotidienne dont les exemples émaillent ces pages.
Fouillant dans les travaux d'historiens, de philosophes, d'anthropologues et de thérapeutes, s'appuyant sur les concepts de reconnaissance, de don et de deuil, il propose une thérapeutique du lien social fondée sur les dons de paroles, l'échange de paroles précieuses. L'enjeu est de taille : développer des moyens, accessibles à tous, de transformer notre monde aujourd'hui pétri d'exclusions. Parution octobre 2011, 260 pages