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À quoi pourrait ressembler une littérature révolutionnaire ? Telle est la question à laquelle s’attaque Victor Serge dans cet essai publié en 1932. Révolutionnaire professionnel, romancier, historien de la Révolution russe, traducteur, Victor Serge (Viktor Lvovitch Kibaltchitch de son vrai nom, 1890-1947) était bien placé pour se pencher sur les rapports de la littérature avec la révolution. Il a été anarchiste avant d’adhérer au Parti communiste russe en 1919. Il a milité dans l’Internationale communiste, puis a combattu la contre-révolution stalinienne, ralliant l’Opposition de gauche animée par Léon Trotsky.
En 1932, il vit en liberté surveillée en URSS. Le pouvoir stalinien l’empêche de publier. Comme il est devenu un écrivain reconnu dans le monde francophone, sa déportation au goulag, quelques mois après la publication de Littérature et révolution, va soulever un vent d’indignation parmi les cercles intellectuels européens, ce qui lui vaudra d’être libéré et de s’installer en France en 1936.
Contre toute doctrine de parti, contre les dérives de l’avant-garde ‒ il n’est pas tendre avec le surréalisme d’André Breton ‒, contre le roman psychologique à la mode, Victor Serge propose un « humanisme prolétarien » qui répondrait aussi bien à la révolution en gestation dans les pays occidentaux qu’à la révolution déjà trahie en Union soviétique. On retrouve dans Littérature et révolution l’extraordinaire lucidité de Victor Serge sur les enjeux politiques et culturels. Sans illusion sur la littérature que les partis communistes préconisent, il nous présente ce que pourrait être une littérature libre, plurielle et intègre.édition : décembre 2020