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19,00 €
La première fois qu’on s’est posées autour d’une table en se demandant ce qu’on voudrait mettre au sommaire d’une revue qui voulait raconter et documenter le monde post- #metoo, personne ne portait de masque. C’était un beau jour de printemps. On n’avait pas de titre pour ladite revue (l’image de « la déferlante » est venue plus tard), on n’avait pas vraiment encore le sens des réalités économiques, on se demandait comment on allait agencer le trop-plein de nos envies – car il y avait, dans cette première ébauche de sommaire, plus d’idées d’articles que de pages...
Mais une chose s’est imposée avec beaucoup d’évidence : le thème du dossier de ce premier numéro serait la naissance.
Naître, c’est long et épuisant, mais c’est, sous des apparences parfois fragiles, un acte d’une incroyable puissance. C’est ce que racontent toutes les personnes qui nous ont confié leur récit, que vous pourrez découvrir dans les pages de la revue en mars : l’autrice Adèle Orain qui évoque avec euphorie sa transition de genre, la réalisatrice Amandine Gay, enfant noire adoptée par des parents blancs, pour qui « être né·e sous X, c’est à la fois le vide et l’infini des possibles », ou la sage-femme Céline Puill, qui estime qu’« on peut toute une vie tourner autour d'un même événement : sa naissance ».
Naître, c’est aussi la manifestation d’une confiance un peu folle en l’avenir : c’est cet optimisme-là qui nous a portées alors que nous jetions sur le papier ces dizaines de sujets à traiter. Il est beaucoup question, des dernières années, d’une nouvelle « vague » féministe (terme sur lequel les historien·nes ne s’entendent pas forcément). En donnant naissance à La Déferlante, nous avions envie de raconter ce mouvement, de le scruter, de l’intégrer à une généalogie, d’en questionner les promesses, d’en discerner éventuellement les limites.édition : avril 2021