Peut-on échapper à l'économie ? Elle imprègne l'art, le sport, le sexe et la guerre ; elle engage le quotidien de la ménagère comme celui du manager. La « marchandisation de ta vie » devient l'hymne de l'époque, et les économistes sont ses farauds apôtres, capitaines autoprodamés à la proue du « progrès » de l'humanité. Le rationnel est leur sextant, le quantifiable est leur boussole. Entre loi de la jungle et productivisme acharné, cartels et stock-options, la statistique quadrille leur parcours. Des kilos d'équations lestent leur « raison raisonnante ». Tout juste admettent-ils qu'une main invisible leur vient parfois en aide, altruiste ou impérieuse selon les cas.
C'est oublier que l'homme n'est pas, mais alors pas du tout, rationnel. Et que l'économie est avant tout une réflexion sur le partage. Qui regarde le gâteau, qui tient le couteau ? Une autre économie est-elle possible ? Lesperanto économique est-il le jargon d'une science dure, le sabir d'une science molle, ou le cache-misère d'une science nulle ?
Traquant les fioritures et les pseudo-concepts, cet Antimanuel permet à chacun de s'armer pour comprendre la harangue des chefs de la guerre économique. Car dans le monde des comptes, il ne faut pas s'en laisser conter.
Sur un ton léger mais incisif, Bernard Maris convoque tour à tour des économistes, de Keynes à Stiglitz, mais aussi, plus inattendus, des philosophes ou des romanciers : Montesquieu, Swift, Jarry, Maupassant, Orwell ou Houellebecq... Ensemble, ils posent enfin un regard neuf sur une discipline réputée austère et répondent à des questions fondamentales : qu'est-ce que la valeur ? la monnaie ? la richesse ? La croissance est-elle une vertu ?
Qui osera désormais dire que l'économie est ennuyeuse ?
Bernard Maris a publié de nombreux ouvrages d'économie, ainsi que des romans (Prix Leclerc des libraires en 2003 pour L'Enfant qui voulait être muet). Professeur d'université en France et aux États-Unis, il anime la page économie de Charlie-Hebdo, sous le nom d'Oncle Bernard. Doté en 1995 du titre de « meilleur économiste », connu par des ouvrages
comme Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles, Ah Dieu ! Que la Guerre économique est jolie ! ou encore La Bourse ou la vie, ne dédaignant ni L'anthropologie, ni la sociologie, ni la psychologie, l'économie qu'il révèle et que nous vivons nous permet de réfléchir à un au-delà de « l'horreur économique ».
355 pages
Edition : 2005