Rompant avec le biais exotisant des discours médiatique et politique, ce livre emmène le lecteur au sein du ghetto de Chicago et d'une cité déshéritée de la banlieue industrielle de Paris. Où l'on découvre que la marginalité urbaine n'est pas partout tissée de la même étoffe.
Mêlant observations de terrain, données statistiques et rappels historiques, Loïc Wacquant montre que l'implosion du coeur noir de la métropole étasunienne s'explique par le retrait de l'économie salariale et de l'État-providence favorisé par des politiques publiques de ségrégation et d'abandon urbain. Quant à la prolifération des « quartiers à problèmes » au pourtour des villes européennes, elle n'annonce pas la formation de ghettos à l'américaine, mais traduit la décomposition des territoires ouvriers sous l'effet conjoint de la désindustrialisation, de la précarisation du travail, et du brassage ethnique de populations jusque-là cloisonnées.
La comparaison de la « Ceinture noire » étasunienne et de la « Ceinture rouge » française prouve que les structures et les politiques étatiques jouent un rôle déterminant dans l'articulation des inégalités de classe, de lieu et d'origine des deux côtés de l'Atlantique. Elle révèle la cristallisation d'un nouveau régime de marginalité nourri par l'instabilité du salariat, le recul de l'État social et la concentration, dans des districts mal famés, de catégories dépourvues d'un langage collectif leur permettant de se forger une identité commune et d'affirmer des revendications collectives.
En éclairant d'un jour nouveau le mélange détonant entre la misère, l'opulence et la violence qui resurgissent de concert dans les métropoles du Premier monde, Parias urbains offre des outils précieux pour revigorer le débat public sur les inégalités sociales et la citoyenneté à l'aube du siècle nouveau.
335 pages
édition poche : octobre 2007
Wacquant : Parias urbains : ghettos, banlieues, Etat
Prix
14,00 €