En 1871, une Constance Monastier, jeune épouse
d'un maître soyeux des Cévennes, n'a a priori rien
à partager avec un Octave Keller, proscrit de la
Commune de Paris, réchappé de la semaine sanglante et
de ses 30 000 morts. Tout les oppose : leur milieu, leurs
convictions, et cette interprétation de l'insurrection
parisienne au sujet de laquelle la jeune femme, dans
la diligence qui la ramène à Saint-Martin-de-l'Our, en
aura entendu des vertes et des pas mûres.
Tout les oppose, et pourtant c'est bien cette Constance
qui profitera d'un incident de parcours pour
fausser compagnie aux autres voyageurs, et fuir à
travers les monts cévenols avec ce vagabond fiévreux
trouvé blessé sur le chemin. Octave aura trois jours
pour donner à la jeune femme une autre image de ceux
qu'on appelle les communeux. De quoi évoquer la
haute figure de l'Admirable, autrementdlit d'Eugène
Varlin, de quoi la convaincre que la justice et la
générosité font un très honnête programme, de quoi le
réconcilier, lui, hanté par les visions du massacre, avec
le meilleur de la vie, de quoi découvrir ensemble que
l'amour n'a pas déserté, alors que tout autour le
monde ancien bascule dans la modernité, que le cheval
cède devant le train, que le cinéma s'annonce, et que le
roman en aura bientôt fini avec ce genre d'histoires.
Mais Constance Monastier, la plus belle ornithologue
du monde, dont une pierre gravée sur le mont Lozère
porte le souvenir, valait bien qu'on renoue avec
certaines pratiques romanesques...
580 pages
édition : février 2006
Rouaud : L'imitation du bonheur
Prix
22,00 €