Écrit dans la Russie des années 1920, ce livre témoigne de la richesse des recherches marxistes qui se développent. Avec le Hongrois Georg Lukács, l’allemand Karl Korsch ou encore le juriste soviétique Evgeny B. Pasukanis, Isaak I. Roubine est un de ceux qui entendent réactiver la tradition critique du marxisme contre, notamment, sa version « scientiste » issue de la 2e Internationale.
S’appuyant sur une connaissance encyclopédique de Marx, l’auteur met en évidence la nécessaire articulation entre la théorie du fétichisme de la marchandise, considérée comme la « théorie générale des rapports de production de l’économie marchande-capitaliste », et la théorie de la valeur.
Cette réinsertion du « fétichisme » (considérée jusque-là comme une digression littéraire ou métaphysique) au cœur même de la théorie marxiste permet à Isaak I. Roubine de mettre au premier plan la structure des rapports de production et d’envisager de façon tout à fait nouvelle les rapports entre valeur et travail. L’ouvrage offre ainsi une analyse des concepts fondamentaux travail abstrait, travail qualifié, travail socialement nécessaire, travail productif.
Isaak I. Roubine va disparaître dans les purges staliniennes et son livre ne sera plus réédité en URSS. À l’Ouest, il ne sera accessible qu’en 1972, aux États-Unis. C’est cette édition américaine qui sera utilisée pour une édition allemande puis française, en 1977, chez François Maspero.
Dans sa préface, Antoine Artous, qui a notamment publié Le Fétichisme chez Marx (Syllepse, 2006), montre comment la «redécouverte » de ce livre s’est inscrite dans les débats des années 1960-1970 sur la théorie de la valeur, débats qui conservent toute leur actualité à notre époque où se combinent modernisation accélérée du procès de production et crise profonde du système capitaliste.
340 pages
édition : avril 2009