Ce livre rassemble des interventions répondant à la contrainte d'un présent : un conflit qui commandait de prendre parti et d'en donner les raisons – lois françaises sur l'immigration ou invasion américaine en Irak ; des événements d'importance variable – un débat sur le foulard à l'école, une canicule meurtrière ou une enquête sociologique anodine – qui permettent de saisir le fonctionnement actuel du pouvoir et les schémas d'interprétation qui nous gouvernent. Chacune de ces circonstances est l'occasion d'un double exercice : identifier la singularité d'un moment politique et dessiner la carte du présent qu'il définit.
La politique en effet existe par moments. Un moment, ce n'est pas simplement un éclat fugitif, c'est un autre poids jeté dans la balance où se pèsent les situations et se comptent les sujets aptes à les saisir, c'est l'impulsion qui déclenche ou dévie un mouvement, une possibilité de monde qui se rend perceptible et met en cause l'évidence d'un monde donné. La pensée politique est inséparable de la scansion de ces moments.
Depuis trente ans la contre-révolution intellectuelle a cherché à transformer toutes les luttes sociales et les mouvements d'émancipation du passé en prodromes du totalitarisme, toutes les affirmations collectives opposées au règne des oligarchies économiques et étatiques en symptômes d'égoïsme et d'arriération. Les interventions ici réunies veulent à l'inverse rendre sensibles les ruptures que les inventions égalitaires opèrent dans le tissu de la domination. Elles n'apportent pas le point de vue du savant ou du moraliste, mais seulement une contribution individuelle au travail par lequel individus et collectifs sans légitimité s'appliquent à redessiner la carte du possible.
octobre 2009
14 €
240 pages