Après avoir été réduit à une politique de démantèlement de l’État providence, le néolibéralisme est progressivement apparu comme un nouveau modèle social dont les conséquences sur le travail attirent de plus en plus l’attention. Après avoir été longuement éclipsée par la question de l’emploi (chômage de masse, chômage de longue durée, précarité de l’emploi), le travail comme tel, ou l’activité de travail, resurgit sur le devant de la scène en même temps que la question de la domination au travail.</p>
Quelles sont les incidences du néolibéralisme sur les rapports de domination et les relations de pouvoir qui structurent l’activité de travail ? Quelle conception de la domination est-elle susceptible de les décrire ? Par quelles voies les dynamiques de précarisation et de flexibilisation, d’individualisation et de personnalisation du travail peuvent elles conduire à la résistance plutôt qu’au consentement ? Quelle critique sociale pour la nouvelle question sociale du travail ? Ces questions sont considérées ici du point de vue de la sociologie et de la psychologie du travail, mais aussi dans leurs enjeux politiques et philosophiques. </p>
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Coordonné par Annie Bidet-Mordrel et Emmanuel Renault</br>
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Emmanuel Renault, Comment Marx se réfère-t-il au travail et à la domination ?</br>
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Claude Gautier, En sociologie, la domination n’est-elle qu’une fiction</br>
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Bernard Lahire, Kafka et le travail de la domination</br>
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Stephen Bouquin, La question des résistances au travail dans la sociologie du travail française</br>
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Jean-Philippe Deranty, Travail et domination dans le néolibéralisme contemporain</br>
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Danièle Linhart, De la domination et son déni</br>
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Natacha Borgeaud-Garciandia, et Bruno Lautier, La personnalisation de la relation de domination au travail : les ouvrières des maquilas et les employées domestiques en Amérique latine</br>
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Urs Lindner, Revisiter la « coupure épistémologique ». Avec et contre Althusser</br>
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Franck Fischbach, Les mésaventures de la critique. Réflexions à partir de Jacques Rancière</br>
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Kim-Sang Ong-Van-Cung, Critique et subjectivation. Foucault et Butler sur le sujet</br>
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Tony Andréani et Yves Vargas débattent avec Yvon Quiniou, Quelle ambition morale pour la politique ?</br>
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Auteurs : </br>
Natacha Borgeaud-Garciandía est sociologue au Conicet/Flacso en Argentine et associée à l’UMR «Développement et Société » (IEDES-Paris 1/IRD). Elle mène des recherches sur le travail et la domination et plus précisément sur le travail des femmes (ouvrières, domestiques…) en Amérique latine. Elle a publié Dans les failles de la domination (PUF, 2009). Elle a co-dirigé (avec B. Lautier, R. Peñafiel et A. Tizziani), Penser le politique en Amérique latine – La recréation des espaces et des formes du politique (Karthala, 2009).</br>
Stephen Bouquin est sociologue et historien. Professeur en sociologie à l'Université d'Evry Val d'Essonne, il est également directeur de la revue Les Mondes du Travail.
Il a notamment publié La valse des écrous. Travail, capital et action collective dans l'industrie automobile (Syllepse, 2006) et coordonné Résistances au travail (Syllepse, 2008).</br>
Jean-Philippe Deranty est Associate Professor à l'Université de Macquarie (Sydney), où il enseigne la philosophie. Il est l'auteur de nombreux articles en français et en anglais dédiés à la philosophie politique et sociale contemporaine, et plus particulièrement la Théorie Critique. Parmi ses publications récentes figure notamment la première étude complète de l'oeuvre d'Axel Honneth, Beyond Communication. A Critical Study of Axel Honneth's Social Philosophy (Brill, 2009), ainsi que l'édition d'un ouvrage collectif consacré à l'oeuvre de Jacques Rancière, Jacques Rancière. Key Concepts (Acumen, 2010).</br>
Franck Fischbach est professeur à l'université de Nice Sophia-Antipolis. Ses travaux portent sur la tradition philosophique allemande, particulièrement envisagée sous l'angle de son apport à la compréhension critique de la vie sociale et politique contemporaine. Il a notamment publié Sans objet. Capitalisme, subjectivité, aliénation (Vrin, 2009) et Manifeste pour une philosophie sociale (La Découverte, 2009). Il est également l’auteur d’une nouvelle traduction, commentée, des Manuscrits de 1844 (K. Marx, Manuscrits économico-philosophiques de 1844, Vrin, 2007).</br>
Claude Gautier est professeur de philosophie à l’université Paul Valery Montpellier III. Ses recherches portent sur traditions empiristes modernes anglaises et écossaises, le féminisme et les relations entre philosophie et sciences sociales. Il a notamment publié David Hume et les savoirs de l’histoire (Vrin-EHESS, 2005). Son dernier ouvrage, à paraître: La force du social. Enquête sur la sociologie des pratiques de Pierre Bourdieu (Cerf, 2011).</br>
Bernard Lahire est professeur de sociologie à l’École Normale Supérieure de Lyon et directeur de la collection « Laboratoire des sciences sociales » aux éditions La Découverte. Il a publié, entre autres, Tableaux de familles (Gallimard/Seuil, 1995), L’Homme pluriel (Nathan, 1998), La Culture des individus (La Découverte, 2004), L’Esprit sociologique (La Découverte, 2005), La Condition littéraire (La Découverte, 2006) et, plus récemment, Franz Kafka. Éléments pour une théorie de la création littéraire (La Découverte, 2010).</br>
Bruno Lautier est sociologue à l’IEDES-Paris 1 et membre de l’UMR « Développement et Société ». Ses recherches portent principalement sur l’économie informelle et les politiques sociales en Amérique latine. Il a notamment publié L’économie informelle dans le tiers-monde (La Découverte, 2004) et Brésil, Mexique : deux trajectoires dans la mondialisation (Karthala, 2004). Il a co-dirigé (avec N. Borgeaud-Garciandía, R. Peñafiel et A. Tizziani) : Penser le politique en Amérique latine – La recréation des espaces et des formes du politique (Karthala, 2009).</br>
Urs Lindner est chercheur postdoctoral à l’École polytechnique fédérale de Zurich, à la chaire de philosophie. Ses intérêts concernent notamment la philosophie des sciences sociales, la théorie politique et la théorie sociale. Il développe actuellement une recherche sur les conceptions de la modernité dans la théorie politique le l’Inde contemporaine. Il a co-dirigé (avec Jörg Nowak et Pia Paust-Lassen) de Philosophieren unter anderen (Dampfboot, 2008) et il a publié plusieurs d’articles sur Marx, Foucault et la théorie critique de la société.</br>
Danièle Linhart est directrice de recherche au Cnrs. Ses recherches portent sur la modernisation des entreprises, les stratégies managériales, la place du travail dans la société et les nouvelles formes de mobilisation des salariés. Elle a récemment publié Travailler sans les autres ? (Seuil, 2009), Le travail (avec Nelly Mauchamp, Le cavalier Bleu, 2009), Perte d’emploi, perte de soi (avec Barbara Rist et Estelle Durand, Érès, 2002, nouvelle version 2009).</br>
Yvon Quiniou, philosophe, travaille depuis longtemps sur la question du matérialisme et de la morale. Il ainsi publié, entre autres, Nietzsche et l’impossible immoralisme (Kimé, 1993), Études matérialistes sur la morale (Kimé, 2002) et, récemment, une synthèse de sa réflexion, L’ambition morale de la politique. Changer l’homme ? (L’Harmattan, 2010). Il collabore à plusieurs revues (Actuel Marx, La Pensée, etc.) et participe au débat public à travers de nombreuses interventions dans les médias.</br>
Emmanuel Renault est maître de conférences à l’École Normale Supérieure de Lyon. Ses travaux portent sur l’histoire de la philosophie allemande, sur Marx et sur la Théorie critique. Il a récemment publié Souffrances sociales. Sociologie, psychologie et politique (La Découverte, 2008) et deux ouvrages en collaboration avec G. Duménil et M. Löwy : Lire Marx (PUF, 2009) et Les 100 mots du Marxisme (PUF, 2009). Il a également coordonné Lire les Manuscrits de 1844 (PUF, 2008).</br>
Kim Sang Ong-Van-Cung est maître de conférences, à l’Université de Poitiers. Spécialiste de la philosophie moderne et de ses sources médiévales, elle s’intéresse à la genèse médiévale et moderne du lexique de la psychologie et de la subjectivité. Son dernier ouvrage, à paraître aux éditions Vrin, s’intitule L’Objet de nos pensées. Descartes et l’intentionnalité. Elle a récemment organisé le colloque Questions à Judith Butler, à Poitiers en 2008 (interventions disponibles en ligne : http://uptv.univ-poitiers.fr/web/canal/61/theme/28/manif/176/), et co-dirigé (avec M. Chatti et C. Dumoulié) un dossier spécial de la revue Silène</br> -------------------------------------
225 pages</p>
édition : avril 2011