Robinson Crusoé vient de passer vingt ans de solitude dans son île déserte. Il a dû reconstruire son équilibre. C'est avec fierté, celle d'avoir soumis l'île à sa domination, qu'il entame ce matin-là une promenade rituelle sur la plage où il avait mystérieusement échoué il y a tant d'années. C'est alors qu'il découvre l'inconcevable : dans le sable, une empreinte. Celle d'un homme. Passé l'affolement, puis la posture agressive et guerrière, le solitaire s'élance à la recherche de cet Autre qui lui amène ce dont il avait oublié l'existence : l'idée même de l'humain. Commence alors une étrange aventure qui le précipite en présence de lui-même et d'une île inconnue jusqu'alors. Celui qui avait réussi à survivre sans civilisation, sans culture, sans autrui, doit maintenant affronter ce qu'il n'aurait pu imaginer ailleurs qu'ici : la relation à l'impensable. Après les Robinson de Defoe et Tournier, voici donc celui de Chamoiseau, démarquage créole des deux précédents, avec les propres thèses de l'auteur (notamment sur " l'Autre "). La langue est luxuriante comme l'île décrite avec intimité, en fin connaisseur amoureux qu'est Chamoiseau. C'est donc une exploration fine d'une âme en proie aux chimères, à la mémoire chancelante (des mots surgissent du passé, ceux d'une culture livresque et occidentale), qui nous est proposée ici et pose la question de la civilisation, de l'origine, de l'altérité, du langage, de la nature (avec le concours récurrent de Parménide et Héraclite).</p> édition poche : octobre 2013
Chamoiseau : L'empreinte à Crusoe
Prix
8,70 €