Le mot "peuple" a tant de sens différents qu’un danger en découle : celui de le ranger dans le vaste ensemble de mots en caoutchouc qui servent avant tout au maintien de l’ordre existant. Et de fait, certains usages du mot – comme le jugement et l’envoi en prison "Au nom du peuple français" – peuvent justifier une telle méfiance.</p>
Mais les textes réunis dans ce livre montrent que "peuple" reste un mot actuel depuis l’article 35 de la Déclaration des droits de 1793 ("Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs").</p>
Le peuple dont la représentation est si problématique (Didi-Huberman), le concept à géométrie variable de "classes populaires", de "peuple" ou de "travailleurs"(Bourdieu), la façon vicieuse d’amalgamer l’idée même de peuple démocratique à l’image de la foule dangereuse (Rancière), la façon dont les éléments réputés constitutifs du peuple ne font sens qu’au moment où se dessine un extérieur au peuple (Khiari) : tels sont quelques-uns des thèmes développés par les auteurs de ce livre, avec pour point commun de résister au découpage/démontage/destruction de la notion toujours subversive de peuple.</p>
Auteurs : Alain Badiou, Pierre Bourdieu, Judith Butler, Georges Didi-Huberman, Sadri Khiari, Jacques Rancière.</p>
édition : mars 2013
15 pages