Cahier n°7, édition mai 2013</p>
Le nombre de demandeurs d’emplois a progressé en mars pour le 23e mois consécutif, il atteint le record historique de 5, 3 millions de chômeurs. Le gouvernement va répétant que « tous les leviers de la politique de l'emploi prévus par la feuille de route sociale (…) sont opérationnels ». Il suffirait selon lui de patienter pour voir l'Accord national interprofessionnel produire ses effets salvateurs ! Mais dans toute l'Europe, les mêmes politiques, menées par des gouvernements socialistes ou par des gouvernements de droite, soi-disant destinées à lutter contre le chômage à coups de cadeaux aux patrons et de précarisation des salariéEs, produisent toutes les mêmes effets : la misère, la précarité et le chômage sans fin ! Et les gouvernements qui les appliquent se font battre aux élections suivantes par des politiciens qui feront la même politique...</p>
Les réacs à l'offensive...</p>
Le gouvernement Hollande-Ayrault ne fait pas exception. Après un an, il est plombé par les effets de l'austérité qu'il applique avec zèle. En plus, il est carbonisé par la crise politique provoquée par l'affaire Cahuzac.
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La droite se refait une santé, redonne de la voix à l'occasion du débat sur l'ouverture du mariage à tous les couples. Mais ses dirigeants traditionnels sont débordés par la massivité et la radicalisation des manifestations des « antiégalité » et le Front national est en embuscade pour essayer de rafler la mise.</p>
Les insultes et les violences homophobes ont empuanti l’atmosphère de ces dernières semaines. Le PS ne trouve rien de mieux que de refuser l'amnistie aux syndicalistes poursuivis… pour ne pas, selon lui, encourager les violences des réacs excités. Un comble !</p>
Élu pour se débarrasser de Sarkozy, Hollande n'a ni la volonté ni la force de résister à la droite, même sur ses maigres promesses électorales. Sur le mariage pour tous, il fait une loi à minima et abandonne la procréation médicalement assistée. Il jette aux oubliettes le droit de vote pour les étrangers…</p>
Une vieille règle est en train de se vérifier une nouvelle fois : chaque recul encourage l'homophobie, le racisme, la réaction.</p>
Une alternative à ce gouvernement</p>
C'est donc à la rue, au mouvement social, à la gauche politique indépendante du gouvernement, de ne rien lâcher du combat pour l'égalité des droits et d'organiser la résistance à l’offensive de la droite et de l’extrême droite. Mais pour les battre, il faut imposer une politique qui rompt avec l'austérité. Alors que la gauche libérale inflige des défaites aux classes populaires en prenant fait et cause pour le patronat, il est indispensable de proposer une alternative à gauche. Celle-ci ne peut que s'opposer pied à pied à la politique de Hollande-Ayrault en encourageant les mobilisations et leur convergence pour changer le rapport de forces.</p>
L'alternative au gouvernement du chômage, c'est l'interdiction des licenciements, la réduction massive du temps de travail et un plan d'embauche dans les services publics. L'alternative au gouvernement de l'austérité, c'est l'annulation de la dette illégitime et l'augmentation des salaires et retraites à 1 700 euros minimum. L'alternative au gouvernement du fric, c'est la socialisation sous le contrôle des travailleurs et de la population du système bancaire et financier. L'alternative au gouvernement des affaires, c'est la fin des institutions de la Ve République, du régime présidentiel, de la concentration des pouvoirs et de la professionnalisation de la politique, c'est le contrôle sur les éluEs révocables, ne gagnant pas plus que le salaire moyen, la parité et la proportionnelle intégrale… Une démocratie réelle qui donne les moyens de contrôler la marche de l'économie et de l’État aux travailleurs, à la population.</p>
L'opposition de gauche dans la rue !</p>
Face à ce gouvernement qui s'acharne dans son intervention militaire au Mali, il faut une opposition anti-impérialiste et internationaliste. Face à ce gouvernement qui poursuit la politique pronucléaire et choisit Vinci contre celles et ceux qui protègent et cultivent Notre-Dame-des-Landes, il faut une opposition écologiste. Pour construire et faire entendre cette opposition de gauche au gouvernement, nous serons et nous appelons à être massivement dans la rue les 1er et 5 mai.</p>
Une opposition de gauche, et pas un changement de centre de gravité au sein de la majorité ou un nouveau Premier ministre, car il faut rompre avec ce gouvernement comme avec ceux qui l'ont précédé radicalement, sur la forme et sur le fond, sur tous les terrains. Et pour cela, il ne suffit pas de donner un coup de balai ou de changer le numéro de la république.
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Il n'y a ni raccourci ni homme providentiel, la rupture nécessaire ne peut venir que de l'irruption sur la scène politique et sociale, que de l'intervention directe et l'auto-organisation de celles et ceux qui ne veulent plus subir.</p>
Olivier Besancenot, Christine Poupin et Philippe Poutou