« La description phénoménologique ou existentielle de la conscience conduit à une investigation portant sur les rapports de la conscience avec l'Autre. Elle aboutit donc au problème du "renversement", comme toute recherche effective impliquant un postulat idéaliste. Elle débouche sur le problème de l'aliénation. Ou bien, au nom de l'exploration de l'Autre, elle refuse l'aliénation, et alors elle reste à l'intérieur de la conscience ; elle confirme et accentue son postulat idéaliste (subjectiviste). Ou bien elle accepte l'aliénation, et alors s'ouvre un autre ordre de recherches pour laquelle la description de la conscience ne suffit plus. La perspective se renverse ; la description de conscience se subordonne à la nouvelle investigation. Une question subsiste, celle de la transition. Le "renversement" ne peut plus se concevoir comme abandon de ce qui le précède, mais comme intégration. On ne peut plus concevoir le matérialisme comme abolissant brutalement l'idéalisme antérieur avec son contenu déjà objectif. On conçoit bien plutôt un renversement par dépassement du postulat idéaliste et du postulat matérialiste contradictoires, en passant au niveau supérieur de la connaissance. Reste à effectuer l'opération et à réaliser l'intégration philosophique qui, sans supprimer l'antérieur, oblige à le reconsidérer profondément », écrit Henri Lefebvre, dans La somme et le reste (1959) pour commenter L'existentialisme, livre paru en 1946, et qui suscita un débat avec Sartre qui devait se prolonger jusqu'à Métaphilosophie, paru en 1965...
Né en 1901, mort en 1991, Henri LEFEBVRE nous a donné ici son livre le plus polémique. Cette réédition est précédée d'« Henri Lefebvre, philosophe », par Remi Hess, professeur à l'université de Paris 8, qui a déjà réédité, aux éditions Anthropos, dans le cadre du centenaire d'Henri Lefebvre : La production de l'espace, Espace et politique, ainsi que Du rural à l'urbain.
252 pages
Edition : 2001