Frédéric Charpier est connu comme journaliste d’investigation : il a beaucoup écrit aussi bien sur les RG et le PCF, l’extrême gauche, que sur la droite et l’extrême droite, la CIA en France, etc. Cette étude très documentée a utilisé les archives de la police et les dossiers secrets du PCF ou du PCUS. À travers ces prismes, on retrouve toutes les grandes étapes du PCF : lors des débuts de la IIIe Internationale, avant la Seconde Guerre mondiale, pendant la Résistance, la période de déstalinisation en URSS et dans les « démocraties populaires ». Le récit fourmille de centaines de noms de militants, connus ou inconnus, qui ont souvent servi dans la clandestinité l’appareil de la IIIe Internationale, avec ses multiples sociétés commerciales et parfois avec la complicité des autorités.</br>
Dans tout cet enchevêtrement, Jacques Duclos, sous sa bonhomie bien connue, va jouer un rôle décisif. Très lié à Staline qu’il a toujours admiré, il sera clandestin une bonne partie de sa vie, notamment pendant la guerre en France, alors que le secrétaire général du PCF, Maurice Thorez, vivait à Moscou. Ainsi Duclos va participer aux exécutions des trotskistes en Espagne, comme à celle de collabos en France ou d’oppositionnels au sein du PCF. Il aidera notamment après la guerre le dénommé Courtois à lancer une feuille oppositionnelle dans le parti, « Unir », qui permettra ainsi à la direction du PCF de connaître tous ses opposants en téléguidant du début à la fin le fameux Courtois. Il participera à l’élimination du PCF d’anciens dirigeants du parti et de la Résistance, tels Marty, Tillon ou Guingouin.</br>
Ce livre a le mérite de sortir du secret une partie de l’histoire cachée du PCF dont la nouvelle génération n’a même pas idée. Aujourd’hui, le PCF n’a plus grand chose à voir avec son passé, même si de nombreux vestiges persistent. Pour le grand public, il s’agira plus d’un polar permettant de découvrir le passé du PCF que d’un livre d’histoire.</br>
Alain Krivine</p>
édition : novembre 2015