"Pour parler de la banlieue sans jamais nommer les pauvres, les Arabes, les Noirs et les Roms qui composent désormais la classe sociale majoritaire en nombre d'habitants, l'Etat a du inventer d'exquises circonvolutions de langage... Ainsi il y a des "quartiers"... </br>Les antiracistes s'exclament "mais non ce n'est pas vrai ! il n'y a pas de territoires perdus !". Ben si. Il y a des quartiers où plus rien ne fonctionne bien et où on a perdu les services sociaux de l'Etat".</p>
Véronique Decker enseigne depuis trente ans à Bobigny. C'est ce chemin qu'elle raconte dans un petit livre bien écrit, en brossant un tableau composé de petites scènes vigoureuses, touchantes, droles parfois, qui constituent au final un témoignage unique sur le métier d'enseignant dans le département le plus pauvre de métropole.</p>
"J'ai toujours beaucoup aimé enseigner en Seine Saint-Denis", écrit-elle. "Je sais , ce que je dis n'est pas à la mode. Il faut se plaindre de nos conditions de travail exceptionnellement dures, des racailles, de la République abandonnée... C'est vrai que c'est difficile, rugueux, complexe... Mais j'aime ces enfants là".</br>
Alors Véronique Decker raconte son combat pour que les enfants Roms soient scolarisés. Elle raconte aussi que la République est toujours là, notamment avec les conseils d'élèves de son école Freinet : "les conseils d'élèves, lorsqu'ils disposent de véritables pouvoirs sont notre meilleure garantie de construire un avenir plus juste avec des enfants formés à une démocratie ancrée dans le sol". C'est toute une philosophie et une pratique de l'école que son livre restitue par petites touches.</p>édition :février 2016