Mouawad Wajdi : Anima

Prix
10,20 €

Des chevaux s’extirpent — au galop — d’un poids lourd stationné sur une aire d’autoroute, camion qui les menaient à l’abattoir de l’autre côté de la frontière canadienne. </br>On observe la scène par les yeux d’un oiseau de proie. Ils courent pour rejoindre les grands espaces, de l’autre côté de la route. </br>Carnage ! Carnage des hommes et des bêtes : scène centrale et spectaculaire où leur sang coule ensemble. C’est un livre ignoble, difficilement supportable. Violence racontée crue, et aucun mot n’est là pour nous secourir : ils nous enfoncent dans nos zones d’ombre. Aucune complaisance à écrire cela. </br>Lecteur : tu dois d’abord avoir surmonté bien des peines pour tenir le cap de Anima, tu dois être de ceux qui acceptent de voir l’être humain sans fard, sans béquille. Dès la première page qui s’ouvre sur une scène de crime — une femme assassinée, violée de la plus affreuse manière —, certains refermeront l’ouvrage. </br>S’ils ne l’ont pas fait à ce moment là, ils en auront maintes fois l’occasion ; mais il faudra y revenir, s’accrocher aux pages ! Anima est le second roman du dramaturge d’origine libanaise Wajdi Mouawad. Écrivain d’un éternel exil, celui qui n’a de cesse de donner la parole à ceux « qu’il a appris à haïr » la passe, cette fois, à ceux que l’on a exclu du champ de notre belliqueuse humanité, si emmerdante à glisser éternellement dans ses vieilles revanches : les animaux nous voient, nous regardent ; eux aussi, après tout, survécurent au déluge. La lumière est de leur côté, dans ce livre. </br>L’errance d’un époux meurtri au nom imprononçable, Wahhch Debch, à la recherche de l’assassin de sa femme dans une réserve indienne du Canada, est racontée, chapitre après chapitre, par les yeux d’un animal présent autour de lui. Bêtes, bestiaux, témoins des hommes et de leur bestialité : chiens, chats, araignées, souris, serpents, oiseaux, singes, fourmis, chevaux… </br>Ce livre est bien plus qu’un polar : c’est le réceptacle de la boue d’une époque, de symboles, de mémoires, de questionnements que nous cessons d’avoir. Les yeux, les langues, les histoires y sont multiples. </br>Dans ce road trip, un chien marchera près de nous, aussi protecteur que monstrueux, et au cœur d’une ville américaine, on trouvera des réponses sur Sabra et Chatila. Unique</p>édition : mai 2015