Si la « critique philosophique de l'art » peut constituer l'axe central d'une approche de la pensée de Walter Benjamin, c'est d'abord parce que l'art représente l'élément par lequel l'homme accède à sa propre temporalité. Le passé individuel, l'origine commune, le projet militant se cristallisent dans le geste artistique. La mémoire elle-même est une forme d'art, non moins que l'anticipation d'un avenir désirable.
Investi du pouvoir de définir ainsi l'humanité de l'homme, l'art devient éminemment criticable : Benjamin n'a jamais cru que pratiquer la « critique » dispensât d'être philosophe. La critique, au contraire, n'a d'autre lieu que la philosophie, sous sa forme la plus épurée.
On touche ici du doigt le fascinant pouvoir intégrateur de la pensée benjaminienne, capable de conjuguer l'autobiographique et le politique, la précision analytique et l'élan éthique, la déconstruction et la métaphysique. Quand Benjamin a été si souvent morcelé en personnalités contradictoires, sous la plume parfois d'un seul et même commentateur, c'est une image très cohérente, très homogène, qui nous semble ressortir des diverses contributions de ce recueil.
Textes de Jean Lacoste, Jean-Maurice Monnoyer,
Guy Petitdemange, Pierre Rusch, Marc Sagnot, Bruno Tackets.
Rainer Rochlitz était philosophe, directeur de recherche au CNRS.
Pierre Rusch est philosophe, traducteur de Benjamin.
174 pages
Edition : 2005