Gueye : Mai 68 au Sénégal

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24,00 €

La vague de contestation sociale qui balaya le monde en mai 1968, de Paris à Prague en passant par Rome et Chicago, déferla aussi sur l’Afrique. Le Sénégal a été secoué par ce mouvement d’émancipation « par la rue » et Dakar connut des protestations violentes de la part des étudiants et des syndicats dont l’intensité en a fait vaciller le pouvoir.</p>

Huit ans après l’indépendance, les étudiants de ce qui était encore appelé, la « 18e université française » de Dakar, ont bien été le détonateur d’une des plus profondes crises politiques du pays. Rapidement soutenus par les lycéens, les travailleurs et une partie de la population, le mouvement de contestation prit de l’ampleur. Parti de la capitale, il se généralisa à l’ensemble du pays, exprimant une véritable défiance à l’égard du régime du président Léopold Sédar Senghor.</p>

En s’appuyant sur des archives inédites et de nombreux témoignages d’acteurs des événements de Mai 1968, l’auteur restitue ici toute la trame et le relief à cet évènement qui a mis le Sénégal au coeur du monde. Il saisit avec précision le déroulement des faits permettant de comprendre l’engrenage de la contestation. Il explique les rapports de force entre les différents acteurs – étudiants, syndicats, politiciens, religieux chrétiens comme musulmans – et les causes internes de la société sénégalaise qui ont porté à cet élan de révolte. </br>Après avoir replacé le mouvement des étudiants dakarois dans sa perspective de mouvement social mondial tout en en montrant sa spécificité, l’auteur insiste sur le face-à-face qui opposa le président Senghor à l’opposition syndicale, dans un contexte de tension idéologique internationale et de reconfigurations paradigmatiques dans les années 1960 en Afrique, suite aux indépendances.</p>

Cet ouvrage est essentiel pour saisir la complexité de ces évènements politiques qui ébranlèrent à cette époque le Sénégal, et que le président Senghor sut habillement maîtriser pour in fine se maintenir en place.</p>

Omar GUEYE est professeur au département d’histoire de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est docteur de l’université d’Amsterdam en histoire sociale et de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar en histoire moderne et contemporaine. Titulaire d’un mba en gestion du patrimoine culturel de l’université internationale francophone Léopold Sédar Senghor d’Alexandrie, il a été Fellow à Harvard-WIGH, résident de l’Institut d’Etudes Avancées de Paris, Fernand Braudel Fellow à l’European University Institute de Florence et Fulbright à l’Université du Michigan.</p>
Table des matières</p>

Avant-propos</p>

Introduction</p>

PREMIERE PARTIE : LA CRISE. DU DECLENCHEMENT A SA GENERALISATION</br>

1. éphéméride de la grève, le déclenchement de la crise</br>

Le casus belli, une révolte d’étudiants qui mit le feu aux poudres !</br>

La grève des étudiants : le point de départ de la crise</br>

La grève générale des syndicats de travailleurs : une solidarité active</br>

Les manifestations populaires : la généralisation de la crise</br>

2. Les réactions face à la crise</br>

La réaction du pouvoir : arrestations et fermeture du campus</br>

Intervention des médiateurs sociaux</br>

La crise désamorcée : la reprise des travailleurs</p>

DEUXIEME PARTIE : LA SITUATION DE L’UNIVERSITE</br>

3. Au lendemain des émeutes : l’avenir de l’université en question</br>

L’état d’esprit des acteurs de l’université</br>

Mesures envisagées pour résoudre la crise</br>

4. Réformes envisagées pour la nouvelle université</br>

Franchises universitaires et droit de grève</br>

Réorientation des enseignements et des diplômes</br>
Abandon de la validité de plein droit</br>

Consultation au CAMES</br>

Statut du personnel français</br>

Une université à vocation interafricaine</br>

5. Les négociations sur l’Université de Dakar</br>

Établissements ouverts en 1968-1969</br>
Les diplômes délivrés</br>

Statu quo à la veille des négociations avec l’UDES</br>

6. Le dénouement</br>

Les accords de septembre 1968</br>

Les conclusions de la réunion du CAMES</br>

Les dispositions de la France</br>

Conclusion</p>

TROISIEME PARTIE : SENGHOR FACE AU MONDE SYNDICAL</br>

7. Dakar la frondeuse</br>

Une grève « politique » ?</br>

Contestation et contre culture</br>

L’idéal de solidarité africaine en question</br>

Une révolte anti-Senghor ?</br>

Senghor reprend en mains la situation</br>

Senghor entre capitulation et survie politique</br>

8. Le Sénégal et l’Internationale contestaire</br>

Une réplique du « Mai-68 parisien » ?</br>
Les contradictions du « Mai-68 sénégalais » ?</br>

Senghor, un président en sursis ?</p>

QUATRIEME PARTIE : LES LEÇONS DE MAI-68 AU SENEGAL</br>

9. Une crise dans la crise, l’affaire des Pères dominicains</br>

Genèse des faits</br>

Le différend entre le président Senghor et les Pères dominicains</br>

Les perspectives de règlement</br>

Les leçons de l’affaire des Pères dominicains</br>

10. Les acteurs et événements influents de la crise</br>

L’armée dans la crise</br>

L’UNTS dans la crise</br>

Morts et funérailles du président Lamine Guèye</br>

Les confréries et la crise</br>

Les femmes dans le mouvement</br>

Échec partiel de l’opposition</br>

Conclusion, Mai-68 et après ?</p>

Postface de Charles S. Maier</p>

Annexes</p>

Bibliographie</p>édition : octobre 2017