L’entrée dans le XXe siècle est marquée par le fracas des armes. Le choc des impérialismes et des nationalismes, combiné au jeu des alliances, déclenche une guerre sans précédent. À la sortie du conflit, le monde est bouleversé et la France accueille de nombreux immigrés pour se reconstruire. Toutefois, ces immigrés ne sont pas uniquement économiques, mais ce sont aussi des réfugies ou exilés qui viennent dans le « pays des droits de l’homme » pour fuir les persécutions tout au long de l’entre-deux-guerres.
Dans cette France, comme ailleurs dans le monde, les espoirs sont nés de la « grande lueur » venue de l’Est avec le succès de la Révolution russe, porteuse, comme le fut la Révolution française, d’un messianisme universel. Le jeune parti communiste et en particulier sa section syndicale, la Confédération générale du Travail Unitaire (CGTU), afin d’affirmer la solidarité internationale de classe des travailleurs, fondent en mai 1923 la MOE (Main-d’œuvre étrangère). En 1932, la MOE devient MOI (Main-d’œuvre immigrée), participant alors à l’intégration de ces nouveaux arrivés.
Ainsi la MOI organise la solidarité internationale et locale. C’est pourquoi elle se renforce et trouve un nouvel élan avec l’arrivée du Front populaire s’inscrivant fortement dans la lutte antifasciste et jouant un rôle essentiel dans l’organisation des Brigades internationales. C’est l’origine de ce qui constituera au cours de la Seconde Guerre mondiale le fer de lance de la lutte armée, les Francs-Tireurs et Partisans – Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), dont le groupe le plus connu est celui de Manouchian, en région parisienne. C’est l’histoire longue de la MOI que propose cet ouvrage jusqu’aux enjeux d’une future panthéonisation.
édition : février 2024