Meyssan : Les damnés de la Commune T.3

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Article tiré du site "Planète BD" L'histoire : Raphael Meyssant se rend à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, Rue Pavée, pour faire des recherches sur la Commune. Il tombe par hasard sur un document mentionnant le nom de Lavalette logeant au 6 Rue Lesage. Cet homme, Communard, habitait sa rue et son immeuble 150 ans plus tôt. Il n'en fallait pas plus pour mener l'enquête et rechercher des indices sur la vie de cet homme. Après avoir passé au crible les 44 volumes du Maitron, le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, la trace de Lavalette est retrouvée mais son prénom, Charles, Hyppolyte ou encore Gilbert, n'est pas précisément connue. Une chose est sûre, son surnom est « Bonnet ». Les recherches sur ce voisin n'allaient pas être faciles car beaucoup d'archives ont été détruites dans les violences urbaines entre les armées de la Commune et l'armée de Versailles. Cette petite histoire effacée par le temps, qui est la Commune de Paris de 1871, est racontée par l'intermédiaire d'un homme inconnu relatant les faits d'une page de l'histoire française méconnue et mise en valeur à l'aide de plusieurs centaines de gravures d'époque. Une véritable gageure. Ce qu'on en pense sur la planète BD : 1871 résonne dans le cœur des Alsaciens et des Mosellans comme une déchirure. Cette date signifie l'abandon à l'ennemi Prussiens d'environ 14 500 km? de territoire français, résultat d'une guerre mal préparée par l'empire, d'un souhait de faire taire les révolutionnaires en les rattachant à une cause commune et à la trahison de la jeune République Française envers une partie de son territoire. Cette guerre et la haine qu'elle a attisée envers la Prusse, sera sans nulle doute un élément déclenchant des deux guerres mondiales qui suivront au XXème siècle. 1871 résonne aussi dans la ville de Paris comme un élan d'indépendantisme, avec la création de « la Commune » qui durera deux mois et sera réprimée par la poudre et les baïonnettes, lors du massacre de la semaine sanglante. Cette page de l'histoire de France souvent oubliée des livres d'Histoire est remise sous les feux des projecteurs par Raphael Meyssant. Ce n'est pas la première fois que l'histoire de la Commune est racontée en bande dessinée. L'exercice a été réalisé par le maître Tardi avec la série Le Cri du peuple publié chez Casterman ou encore la série Communardes de Wilfrid Lupano aux éditions Vent d'Ouest. L'originalité de cet album réside non pas dans l'Histoire à proprement parler, mais dans l'expression artistique. Effectivement vous ne trouverez aucun dessin ni esquisse réalisé par l'auteur, mais un assemblage de gravures d'époque. Vous allez donc surement vous demander si l'on peut encore appeler cet album une bande dessinée ? La réponse est oui, sans aucun doute. Tous les codes du 9ème art sont présents dans l'ouvrage. La mise en scène est travaillée, le découpage des gravures est bien exécuté, sans laisser de doute quant au choix de la gravure par rapport à la situation exprimée. La narration est fluide et au fil de l'album, le lecteur se rend compte du travail colossal de recherche réalisé par l'auteur. De plus, le fait que le personnage principal ait vécu dans le même immeuble que l'auteur aiguise la curiosité du lecteur. Il est évident que les plus curieux d'entre nous aimeraient connaitre la vie des précédents propriétaires de leurs appartements ou maisons, fussent-ils connus ou porteur d'un message de révolution. Cet ouvrage n'est pas comme les autres et c'est ce qui plait. Prenez le temps de l'ouvrir et de lire une ou deux planches chez votre libraire pour vous rendre compte de la qualité de présentation des gravures et de la narration. Un très bel ouvrage qui sera complété par un second centralisé sur l'insurrection de la ville de Paris : Fluctuat nec mergitur.edition : novembre 2017