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Alix Payen avait vingt-neuf ans en 1871 ; elle serait restée anonyme sans les lettres qui suivent, qui sont tout ce que l’on connaît d’elle. Ces lettres figurent dans le recueil de onze volumes des Cahiers de la Quinzaine (dirigés par Charles Péguy), où son frère a réuni sur ses vieux jours les archives familiales sous le titre : Une famille de républicains fouriéristes : les Milliet. (La réédition d’une sélection est en préparation aux éd. F. Maspero.)La vie de cette famille qui, sur trois générations, couvre la moitié du XIXe siècle, de la monarchie de Juillet à la troisième République, constitue une source inestimable d’information — notamment sur l’idéologie républicaine d’une fraction de cette bourgeoisie qu’on a baptisée « quarante-huitarde ». Le père dut s’exiler en Suisse après le coup d’Etat du 2 décembre 1851. Des trois enfants Milliet, le cadet, Paul — le narrateur — devait faire une carrière dans les beaux-arts ; l’aîné, Fernand, engagé à dix-sept ans dans l’armée de Garibaldi, devait servir dans l’armée française comme sergent en Algérie et au Mexique — ce qui ouvre une documentation de première main sur la réalité quotidienne des expéditions coloniales vécue par des exécutants sans illusions. La troisième, Alix, mariée à un commerçant parisien, employé bijoutier qui avait voulu se mettre à son compte, s’est retrouvée, comme son frère et son mari, engagée naturellement aux côtés de la garde nationale, sous le siège de Paris, puis sous la Commune en 1871. Elle fait donc partie de ces femmes que la réaction versaillaise baptisa « pétroleuses » et dont Alexandre Dumas fils écrivait : « Nous ne dirons rien de ces femelles, par respect pour les femmes, à qui elles ressemblent quand elles sont mortes…
édition : mai 2020