En 1956, Pierre Naville écrit Essai sur la qualification du travail, ouvrage fondamental pour qui veut comprendre ce qui se joue, d'une part dans les processus de mise en valeur ou de dévalorisation du travail et, d'autre part dans la constitution des hiérarchies professionnelles et salariales.
Cinquante-six ans se sont écoulés sans que, sur le fond des enjeux de société autant que sur la méthode, l'"Essai" n'ait pris une seule ride. Bien au contraire, alors même que le langage, de la logique de compétence est devenu dominant et que le travail industriel et machinique côtoie désormais des formes d'organisation du travail alors inexistantes, les analyses de Pierre Naville permettent toujours de penser et de comprendre les modalités de négociation de la qualification et de la valeur du travail. À dessein, il déconstruit les énoncés d'évidence qui, sous couvert des catégories et des mesures statistiques envisagées comme objectives, autorisent finalement à ne pas remettre en cause les inégalités hiérarchiques. Il nous interpelle sur le sens des arguments retenus pour qualifier ou disqualifier le travail et insiste sur l'importance que revêtent la formation et le prestige social dans la constitution des échelles de valeur.</br>
D'une écriture claire et directe, sans langage expert codé, l'"Essai" offre ainsi la possibilité de comprendre le niveau de reconnaissance attribué à son activité professionnelle. Au-delà du plaisir de sa lecture, ce livre est un outil de prise de conscience pour qui se propose de réfléchir et d'agir sur la justice des hiérarchies sociales. Enfin, il représente pour plusieurs disciplines universitaires, notamment la sociologie du travail, et leurs enseignements, un support pédagogique exemplaire et essentiel, véritable petit manuel d'apprentissage pour les étudiants.</p>Du surréalisme à la sociologie du travail, Pierre Naville(1904-1993) a eu un engagement constant à vouloir penser, réfléchir et agir pour la transformation révolutionnaire des rapports sociaux liant les hommes entre eux. En France, comme fondateur de la sociologie du travail, il est au travers de ses publications celui qui. par sa pensée critique et dialectique, permet d'échapper aux illusions de la révolution technologique, notamment celles de l'automation, comme oeuvrant mécaniquement à l'émancipation des travailleurs, alors même qu'elles peuvent contribuer à renforcer les formes de l'"esclavage moderne".</p>Sommaire</br>
Les critères de la qualification du travail</br>
Calcul d'un indice de qualification de la main-d'oeuvre pour la région parisienne</br>
Remarques sur la portée sociologique de la hiérarchie des qualifications</p>Edition : 2012