les courants socialistes issus du mouvement ouvrier n'ont pas tous
attaqué avec la même véhémence la religion - obscurcissement de la conscience et instrument de soumission - ils ont en revanche tous dénoncé les castes de prêtres comme parasitaires, alliées indéfectibles des classes dominantes et réactionnaires de premier ordre.
Pourtant, au début du XIXe siècle, l'auteur du Manifeste des Égaux pensait pouvoir leur déclarer ceci:
«Ministres de tous les cultes! la gloire elle-même ne nous donne plus aujourd'hui d'enthousiasme. Ne vous flattez donc pas d'allumer les brandons du fanatisme religieux. Désormais nous n'aurons pas plus de croisades que de guerres civiles. Nous ne nous battrons pas plus pour des prêtres que pour des maîtres.»
Et d'annoncer : «Il fut un temps où la multitude remuait tous les bras pour vous; vous vous donniez la peine de penser et de prier pour elle: le temps arrive où chacun de nous voudra exercer simultanément ses facultés intellectuelles et physiques. Dès lors il n'y aura plus rien à faire pour vous.»
Ce temps n'est hélas pas encore arrivé. Les religieux n'ont pas renoncé à peser sur la vie publique, et celle-ci reste viciée par leurs injonctions qui, ne pouvant être contredites que par Dieu lui-même, ne souffrent pas d'être ravalées au rang des opinions communes et d'être débattues comme telles. Il reste donc utile, et agréable, même cinquante ou cent ans plus tard, de retrouver, exprimées avec force et intelligence par ces grands militants de l'émancipation humaine que furent Rosa Luxemburg et jean Jaurès, les raisons pour lesquelles il faut que soit vaincu le pouvoir des prêtres et que la religion rentre pour toujours dans les fors intérieurs.
65 pages
édition : mai 2006