Chicago, 4 mai 1886: quelques milliers de travailleurs sont réunis sur la place de Haymarket, pour poursuivre l'action pour la journée de huit heures, et pour protester contre l'assassinat par la police, la veille, de grévistes à l'usine McCormick.
À la fin du meeting, une cohorte de policiers en armes se rue sur la foule. Une bombe explose, tuant un policier et en blessant d'autres. S'ensuivit une fusillade, qui fit six victimes parmi les policiers et un nombre indéterminé de morts et de blessés parmi les travailleurs.
Ce fut l'occasion d'une chasse aux anarchistes, aux militants syndicalistes révolutionnaires. Parmi tous ceux qui furent arrêtés à Chicago, huit, notamment les plus en vue, furent inculpés de complot et d'assassinat. Leur procès, sous couvert de «l'État de droit», avec la participation d'un «jury populaire» fut typique de cette justice à vocation dissuasive que la classe dominante n'a cessé de produire chaque fois qu'elle s'est sentie menacée par le mouvement des masses. Sept policiers étaient morts, sept anarchistes devaient mourir.
Albert Parsons et August Spies, ainsi que deux des autres condamnés, furent pendus. À la demande des Knights of labor, ils avaient écrit sur leur vie, sur leurs combats, sur leurs convictions, exprimant leur foi dans l'inéluctabilité de la révolution sociale, et rappelant, à travers leurs actions et les circonstances de leur mort, la cruauté sans limite des détenteurs du pouvoir.
Au delà des circonstances particulières aux luttes ouvrières de l'époque, les textes qu'ils nous ont laissés, s'ils ne nous disent pas tout sur celles-ci ni même sur l'affaire de Haymarket, nous parlent d'un monde qui n'a pas tant changé, et nous transmettent un exemple de cette justice qui n'hésite jamais à jeter par dessus bord ses grands principes dès que les intérêts des puissants sont en jeu.
95 pages
édition : juin 2006
Haymarket, pour l'exemple
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9,00 €