En 1966, lorsque Hal Draper met la main à la dernière version de son essai, le monde paraît divisé en deux blocs, l’un capitaliste, l’autre « socialiste
» ou, selon l’auteur, « collectiviste bureaucratique ». Pourtant, 68 n’est pas loin. Le mouvement étudiant américain vient de connaître sa première épreuve de force d’envergure, à Berkeley, en 1964, avec le Free Speech Movement et se mobilise contre la guerre du Vietnam. Le socialisme fait à nouveau l’objet de discussions passionnées, interpellé par les luttes de libération du tiers-monde, et, aux États-Unis par
l’émergence radicale du mouvement pour les droits civiques des Noirs. Enfin, le nouveau mouvement des femmes pointe le nez, pleinement en
phase avec cette nouvelle radicalité. Pour Hal Draper, le moment est venu de faire connaître largement sa conception du socialisme. Pour cela, il propose une généalogie du socialisme moderne à partir de deux filiations opposées : le socialisme « par en haut » et le socialisme « par en bas ». Il se situe sans ambiguïté dans la seconde tradition. Aujourd’hui, une nouvelle génération se lève pour contester radicalement la logique inhumaine du capitalisme mondialisé, au nom d’un autre monde est possible. Le socialisme par en bas de Draper peut il encore lui servir de référent ? Nous avons demandé à plusieurs intellectuels engagés dans les mobilisations de ces dernières années de reprendre Les deux âmes du socialisme et d’en proposer une lecture critique. Ce livre, inédit en français, devrait intéresser celles et ceux pour qui le socialisme représente encore un espoir au 21e siècle, mais qui ressentent le besoin de débattre des échecs et de ses reniements qui jalonnent son histoire.
L’essai de Draper vise en particulier à mettre en valeur l’héritage auto émancipateur du socialisme, qu’il oppose à ses traditions autoritaires. Il devrait donc toucher tout particulièrement les nouvelles générations militantes, qui portent aujourd’hui le mouvement contre la mondialisation libérale, lui inspirent sa radicalité, ses structures participatives et ses formes de mobilisation, en recourant notamment à l’action directe non violente.
205 pages
édition : octobre 2008