Article tiré du site : alternatives-economiques.fr :
Synthèse ou testament ? Le petit opuscule d'Eddy Fougier présente les caractéristiques principales du mouvement altermondialiste: une nébuleuse d'organisations, peu structurées, où les classes populaires sont sous-représentées, où règne le pluralisme (la pagaille?) idéologique, mêlant réformistes et radicaux, etc. A lire ses analyses, on ne s'étonne plus de l'essoufflement actuel du mouvement et on se demande même comment il a pu tenir plusieurs années.
Pour Isabelle Sommier et les autres politistes, les réponses sont à chercher dans les contextes politiques nationaux. La mouvance altermondialiste est en fait peu transnationale. Prolongeant des travaux antérieurs, ces chercheurs montrent que l'altermondialisme réussit d'autant mieux que des acteurs marginaux dans leur société y trouvent des ressources extérieures qui les aident à se positionner. Cartographiant les militants altermondialistes, Mario Planta et Duccio Zola montrent combien le mouvement a vite évolué et se trouve désormais plus mobilisé par la recherche d'alternatives locales que mondiales.
Ecrit avec empathie, l'ouvrage d'Eddy Fougier relativise la perte de vitesse d'une mobilisation dont le projet ne peut que s'inscrire dans le long terme et en investissant des champs techniques, d'où un désintérêt des médias qui contribuent au sentiment d'échec. Or, conclut Eddy Fougier, on ne pourra pas se passer des trois questions que posent les altermondialistes: que faire des exclus de la mondialisation ? Quelle part laisser aux marchés et aux biens communs ? Et comment penser la gouvernance et la démocratie en période de mondialisation?
Christian Chavagneux
295 pages
édition : janvier 2008