Belzec est chronologiquement le premier camp d’extermination de l’Aktion Reinhard, le plan nazi d’extermination des Juifs des territoires de la Pologne occupée. Sa destruction intégrale dans les premiers mois de l’année 1943, témoigne de la volonté nazie d’effacer les traces de l’extermination des juifs d’Europe. Le meurtre de masse industrialisé du peuple juif par les nazis ne s’est pas arrêté aux meurtres des vies, il a continué avec la destruction des cadavres de ceux qui avaient été exterminés : effacement des corps, des noms et des lieux. Guillaume Moscovitz filme les séquelles de cet effacement.
L’édition DVD du film Belzec comprend un livret pédagogique et deux témoignages majeurs filmés par Guillaume Moscovitz, celui d’Irena Johannes, polonaise, et de Braha Raufmann, l’une des rescapées de Belzec :
- Vivre encore un peu, un portrait d’Irena Johannes (70’)
Le témoignage saisissant d’une juive du ghetto de Cracovie, qui, à l’âge de 16 ans, sauve sa famille de la déportation et retrouve l’un de ses voisins, échappé du camp de Belzec.
- Braha, l’enfant cachée (30’)
Braha Raufmann avait 5 ans quand ses parents ont été pris par les nazis à Belzec. Cachée par une famille polonaise au village, elle a passé deux ans dans un trou sous un tas de bois, isolée du monde.
l J'ai levé les yeux vers le ciel, il était parsemé d étoiles avec la lune, et je n'ai pas compris, j'avais oublié et j'ai demandé : `C'est quoi ? C'est quoi cette chose-là au-dessus ?' - raconte Braha Rauffmann. Cachée par une femme du village de Belzec lorsqu elle avait sept ans, à quelques centaines de mètres du camp dans une cavité sous des tonnes de bûches de bois.. ne voyant presque pas la lumière du jour, ayant à peine la place de s'allonger, la fillette ne reconnaît plus le ciel quand elle est extraite de sa cachette vingt mois plus tard. Braha Rauffmann est l'une des quatre survivants connus parmi les six cent mille Juifs assassinés au camp de Belzec. en Pologne. Tout près de l'Ukraine. de mars à décembre 1942. Puis en sept mois le camp fut entièrement détruit, les traces de l'extermination effacées : les corps déterrés des fosses et brülés. les batiments rasés, des arbres plantés à l'emplacement des chambres à gaz Ce qu'il reste du camp soixante ans après est un bois où se mélent les restes d ossements brûlés des victimes assassinées. A ce lieu plombé par le "il n'y a rien à voir" fait écho le silence collectif des habitants actuels du village de Belzec, derniers témoins d'un crime qui s'est déroulé sous leurs yeux, silence qui avec le temps s'est asséché et durci, la parole devenant de plus en plus difficile à dire. Loin d'étre seulement matérielles, les traces du camp de Belzec sont aussi psychiques. Elles débordent la petite localité du sud-est de la Pologne. Les frontières géographiques n'endiguent pas le fracas de cette atteinte au plus profond de l'humain.
Ce film a reçu le soutien de la FMS.