Quiu : Les courants fourbes du lac Taï

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ARTICLE TIRé DU SITE "rue89"
------------------------------------------------------------La pollution aux algues vertes ne favorise pas le développement du tourisme. Ce qui est vrai pour certaines plages bretonnes, l'est aussi pour le lac Tai. A une heure de train de Shanghai, il est peu probable qu'il figure dans les excursions proposées aux visiteurs de l'Exposition universelle. C'est ce que nous raconte le dernier roman de Qiu Xiaolong, le maître du polar chinois.

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La ville de Wuxi au nord du lac Tai, est une « petite Shanghai » industrielle de 2,5 millions d'habitants. Il y a quelques années, les bords du lac étaient le cadre idyllique d'un centre de repos pour responsables du Parti communiste.
Une rencontre initiatique

L'inspecteur Chen Cao, le personnage fétiche de Qiu Xialong, bénéficiant de hautes protections, obtient d'y passer quelques jours. Des vacances agrémentées par la rencontre de Shansan, une charmante activiste écologique qui lui explique comment le lac est pollué par les algues vertes.

Shansan, ingénieur dans une usine chimique, ne parvient guère à convaincre le Directeur Liu de réduire cette pollution ; l'introduction en Bourse de l'usine, qui va enrichir son directeur, n'est guère propice à ces efforts.

Les autorités locales refusent dans les faits toute mesure pouvant réduire la croissance ; leur carrière dépend du développement économique et leur train de vie des « enveloppes rouges » distribuées par les entreprises…

Liu est retrouvé mort et Shansan est interrogée par la police. Chen Cao décide alors de mener sa propre enquête et découvre les vies privées compliquées de Liu et de son adjoint Fu et le rôle de Jiang, militant écologique mais aussi consultant de plusieurs entreprises et très proche de Shansan.

L'enquête nous permet de retrouver notre inspecteur favori : Chen Cao nous séduit par sa connaissance des rouages politiques, son ambition de jeune cadre qui « monte » mais qui n'oublie pas ses principes confucéens, son goût pour la poésie et … les jolies femmes.
Les algues vertes du lac Tai

Ce lac, peu profond, est l'un des trois plus grands de Chine. Il est célébré pour sa beauté dans la littérature et la poésie et a fourni les énormes pierres calcaires qui ornent les magnifiques jardins traditionnels de Suzhou.

En 2007, la prolifération d'algues a privé d'eau potable des millions d'habitants de Wuxi. La panique et le scandale furent considérables et les autorités ont alors fermé plusieurs centaines d'usines et programmé des milliards d'euros de travaux.

Ces événements permettent à Qiu Xiaolong de nous servir son septième roman, un policier « écologique » ; mais on le sent moins à l'aise comme s'il s'agissait de figures imposées. Où est la passion pour « La Danseuse de Mao » ou pour les années sombres de ses précédents romans (« Mort d'une héroïne rouge ») ? On retrouve néanmoins les qualités d'évocation qui séduisent dans ses nouvelles publiées en 2008 « Cité de la poussière rouge » (maintenant disponible en format de poche) et son amour pour la poésie.
Les écologistes sont plus dangereux que la pollution

Le personnage du militant Jiang est probablement inspiré de Wu Lihong, paysan devenu militant écologique. Ayant attiré l'attention des autorités de Pékin sur la pollution du lac, il fut persécuté par les responsables locaux, licencié tout comme sa femme par les usines qui les employaient.

Comme Jiang dans le roman, il fut manipulé et reçut des commissions sur plusieurs contrats ce qui permit de l'accuser alors de chantage. L'homme était connu en Chine et à l'étranger et le gouvernement central avait alors décidé d'agir contre cette pollution, ce qui n'empêcha pas Wu Lihong d'être condamné à trois ans de détention dans des conditions très dures. Il a été libéré il y a quelques mois, mais il est encore beaucoup trop tôt pour déguster crevettes et poissons du lac Tai. --------------------------------
315 PAGES
édition: avril 2011