Un troussage domestique

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Ce livre (à paraître en septembre 2011) n’a pas pour sujet l’«affaire DSK». Il ne traite pas non plus des agressions sexuelles. Son sujet est le sexisme comme idéologie rationalisant les atteintes aux droits des femmes. Il analyse les réactions à l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York, puis à son inculpation. Ces réactions, qui ont été majoritairement celles de ses amis politiques, révèlent en fait l’attitude de la majorité des hommes politiques et journalistes français. Ceux-ci ont commencé par déclarer qu’il ne pouvait en aucun cas être coupable des faits qui lui sont reprochés, parce qu’il en serait incapable. Ils ont exprimé une incrédulité totale quant à la possibilité même du crime et ont comparé la situation faite à DSK à un véritable calvaire. La possibilité même du crime a été déniée : soit parce que l’accusation du procureur était fausse – ce qui revenait à dire que la femme de chambre qui l’avait dénoncé mentait –, soit parce qu’aux USA on confond sexualité et crime. Son inculpation a été présentée comme l’effet du puritanisme qui refuse tout ce qui est sexuel. La contrainte impliquée par le viol a été niée, euphémisée ou minimisée. Politiques et journalistes ont fait passer le caractère sexuel des faits reprochés à DSK dans la case de la « vie privée », qui ne regarde pas la justice, des « moeurs » et des choix personnels qui ne regardent pas la loi. Les féministes auteures de ce livre mettent en cause ces propos qui assimilent le viol à la vie privée, au libertinage, à la liberté sexuelle. Elles affirment que la présomption de véracité de la victime « présumée » doit être tout autant préservée que la « présomption d’innocence » du suspect. Que le viol existe, et que le consentement des deux parties n’est pas un ornement dont on peut se passer, une cerise sur le gâteau, mais la ligne de partage entre un acte licite et un acte criminel., Enfin, les auteures se demandent si ces propos ne révèlent pas un refus, de la part de la société française, de la loi française, pour laquelle cette ligne de partage est aussi fondamentale que pour la loi états-unienne. À paraître aux éditions Syllepse en septembre 2011 Les auteures: Clémentine Autain, Jenny Brown, Mona Chollet, Sophie Courval, Christine Delphy, Rokhaya Diallo, Béatrice Gamba, Isabelle Germain, Michelle Guerci, Gisèle Halimi, Christelle Hamel, Natacha Henry, Rose-Marie Lagrave, Sabine Lambert, Titiou Lecoq, Claire Levenson, Mademoiselle, Marie Papin, Emmanuelle Piet, Joan W. Scott, Sylvie Tissot, les TumulTueuses, Najate Zouggari 185 pages édition : juillet 2011