La modernité juive s'est déployée entre les Lumières et la Seconde Guerre mondiale, entre les débats qui ont préparé l'Emancipation et le génocide nazi. Pendant ces deux siècles, l'Europe en a été le coeur ; sa richesse intellectuelle, littéraire, scientifique et artistique s'est révélée exceptionnelle. Mais la modernité juive a épuisé sa trajectoire. Après avoir été un foyer de la pensée critique du monde occidental, les juifs se sont retrouvés, par une sorte de renversement paradoxal, du côté de la domination.</p>
Les intellectuels ont été rappelés à l'ordre et les subversifs se sont assagis, en devenant souvent des conservateurs. L'antisémitisme a cessé de modeler les cultures occidentales, en laissant la place à l'islamophobie, la forme dominante du racisme en ce début du XXIe siècle. Transformée en "religion civile" de nos démocraties libérales, la mémoire de l'Holocauste a fait de l'ancien "peuple paria" une minorité respectable, distinguée, héritière d'une histoire à l'aune de laquelle l'Occident démocratique mesure ses vertus morales.</p>
Dans cet essai novateur, Enzo Traverso analyse cette métamorphose historique. Son bilan ne vise pas à condamner ou à absoudre, mais à réfléchir sur une expérience achevée, afin d'en sauver le legs, menacé tant par sa canonisation stérile que par sa confiscation conservatrice.</p>
édition : octobre 2016 pour l'édition de poche
Traverso : La fin de la modernité juive
Prix
10,00 €