Congédier l'utopie ? Cette question mérite mieux que la justice expéditive des commentateurs pressés de se constituer en Tribunal de l'histoire et de prononcer le bannissement de la pensée de Marx et la condamnation à mort de l'utopie. Marx vaut, sinon le retour, du moins le détour : détour qui s'imposera tant que, à l'horizon de notre histoire, resteront irrésolus les problèmes que Marx s'est posés et les problèmes que nous posent les petites et les grandes barbaries de la modernité.
Dans cet esprit, parmi d'autres parcours concevables, l'auteur a choisi de prendre la critique marxienne des utopies pour fil conducteur d'une critique de l'utopie marxienne. Mais encore fallait-il prendre le temps de reconstituer le fil : refaire l'itinéraire, retracer les figures, éclairer les pronostics et mesurer les impasses de la critique de l'utopie par Marx. Les impensés de cette critique laissent alors entrevoir- les impensés utopiques de la théorie qui la fonde, et permettent de tracer en pointillés, mais pas plus, une critique de Marx qui filtre l'héritage.
Avec Marx, malgré Marx, tenter de conquérir l'impossible, celui que la puissance des sociétés établies interdit de désirer pour empêcher de naître.
Henri Maler, né en 1946, enseigne la Philosopliie et les Sciences politiques. Auteur d'une thèse, soutenue n l'Université de Paris VIII sous le titre Convoiter l'impossible - Critique marxienne de l'utopie et critique de l'utopie marxienne, dont le présent ouvrage reprend la première partie.
286 pages
Edition : 1994