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Bienvenue à Asmara, USA (United States of Africa).
Dès votre arrivée à l’aéroport « Léopold Sédar Senghor International » d’Asmara, ne serait-ce qu’en flânant dans la galerie duty free, vous serez saisi par l’opulence et par la richesse qui émane de cet avant-goût de cette cité phare de l’Érythrée, capitale fédérale des États-Unis d’Afrique.
Car, dans ce monde, l’Afrique est un continent synonyme de richesse et de prospérité, de mégalopoles opulentes et de centres d’affaires dynamiques.
Un continent à la pointe des arts, de la culture, de la mode et de la technologie. Un continent qui rayonne tant par les travaux érudits publiés par l’Université de Gao ou l’Académie de Gorée, par ses artistes et ses savants réputés, que par les technologies nouvelles produites dans la fameuse « Silicium Rift Valley » ou ces engins de mort sortis des usines high tech du fameux complexes militaro-industriels d’Assab.
C’est cette même Afrique qui, depuis les pas de tirs de Cap Mandela (Madagascar), envoie des astronautes maliens et libériens sur la Lune et vers Mars. Qui inonde le monde en appareils ménagers made in USAf. Et de ses gras hamburgers Mac Diop. Et de son fameux soda Africola : cette boisson gazeuse mondialement connue mais décidément trop sucrée pour ses millions d’enfants africains obèses, vraiment beaucoup trop bien nourris. Ainsi que de son riz hyper-protéiné, de son sorgho « OGM » et de son mil grassement subventionnés qui ruinent ainsi les maigres agricultures de subsistance des miséreux pays du nord.
L’Afrique : continent mère de l’Humanité qui domine le monde. Un autre monde soumis au rythme effréné d’une mondialisation dont le synonyme le plus approprié est… Africanisation.
L’Europe, continent noir
Un autre continent miséreux et implorant aurait vraiment bien besoin de connaître une telle « Pax Africana ». Et cet autre continent n’est autre que l’Europe.
Europe : continent malheureux où vit une Humanité sous-développée et valétudinaire, continent meurtri où semblent avoir élues domicile toutes les misères de la terre. Là, tout n’est que calamités et désespérance, massacres, guerres inter-ethniques et règne des milices, épidémies et pandémies, pestes et SIDA, famines et malnutrition.
Un continent qui semble être décidément incapable de ne produire autre chose que ces millions d’affamés, candidats à l’émigration vers les rivages pourtant hostiles de la rive sud de la Méditerranée. Destinés à rejoindre les rangs de ces milliers de « boat people » squelettiques qui viennent quotidiennement s’échouer sur les plages de sable fin de Djerba ou dans la baie aux eaux turquoises d’Alger.
Un continent européen malheureux et sous perfusion, meurtri et usé, désespérant et désespéré qui aurait tant besoin de l’aide d’une Afrique, terre promise et eldorado décidément inatteignable, décidément trop apeurée pour y penser vraiment, tétanisée par tout ce qu’elle croît percevoir de la vague montante, engloutissante, déferlante de ce fameux « Péril blanc ».
Maya d’Asmara et Max de Zurich
Le chemin vers cette terre promise africaine, Maya (Malaïka) l’a déjà emprunté, il y a bien longtemps. Lorsque, enfant, elle a été arrachée à la pauvreté, à la misère et à la faim de sa Normandie natale par un homme providentiel alors en mission humanitaire pour quelque ONG panafricaine. Un homme suffisamment bon pour l’adopter et l’emmener avec lui à Asmara, en Érythrée, USA.
Mais à présent Maya devenue adulte souhaite repartir vers l’Europe pour découvrir ses racines. Pour retrouver l’Europe, ses origines et ses maux et se rapprocher des siens, comprendre leur quotidien. Un long et douloureux périple à rebours qui la mènera vers ces terres sombres et misérables de Normandie qui -entre Lisieux, Jumièges et Dozulé- l’ont vu naître, pays désertique aux vaches étiques et rachitiques : un pays de pommiers efflanqués où l’homme n’a pas d’autres ambitions que d’essayer laborieusement de survivre au quotidien et de ne pas trop vite mourir.
Dans les rues d’Asmara, il est pourtant bien improbable qu’elle ait vraiment croisé Max (pour faire plus simple, appelons le « Yacuba »…), ce pouilleux d’immigré alémanique venu de Zurich, ville miséreuse et ruinée de sa lointaine Helvétie, immigré illégal et clandestin sans papier, pauvre comme Job sur son fumier : un quidam qui n’a jamais vu la couleur d’un savon et n’imagine pas même la saveur d’un yaourt.
L’un de ces nombreux malheureux précipités vers l’Afrique par les hordes des incontrôlables milices paramilitaires qui dépècent son pays multi-ethnique aux dimensions de timbre-poste et dont la carte ressemble au costume d’Arlequin, chassé de chez lui à l’occasion d’une de ces si nombreuses guerres inter-ethniques qui y éclatent là bas si souvent, et où on se zigouille allègrement (sans qu’on ne sache d’ailleurs, aujourd’hui encore, toujours très bien pourquoi…).
Regarder l’Humanité qui est dans l’autre
Quoi qu’il en soit, il est bien entendu que cette Afrique si prospère ne « peut pas non plus accueillir chez elle toute la misère du monde ». Et que ses forces fédérales ont donc le devoir de « prendre leurs responsabilités avec fermenté, mais non sans humanité ».
D’autant plus que ces migrants propagent « chez nous » -en Afrique- leur natalité galopante, leurs religions rétrogrades, leur paresse et leur manque d’ambition, sans parler de leurs maladies endémiques. Et puisqu’il est clair que ces bouseux indésirables ici n’ont en fait, s’ils ne sont décidément vraiment pas contents, qu’à retraverser la Méditerranée…
Ainsi « Aux États-Unis d’Afrique » est un roman de la compassion, un miroir de l’âme, un pamphlet humaniste qui renverse le monde et qui - en utilisant ainsi habilement les pires clichés - met ainsi à mal nos préjugés et nous renvoie à la brutalité de nos jugements. Mais pour l’auteur, plus que de nous reprocher ceux-ci, il s’agit ici de mettre fin à cette peur irrationnelle de l’autre qui sommeille ainsi en chacun de nous.
Afin qu’on prenne enfin bien conscience aujourd’hui que l’Humanité n’est qu’une. Et qu’aucun peuple sur terre ne pourra plus jamais se sauver seul, tout seul, sans jamais avoir eu une pensée pour cet autrui - peut être dans le malheur - qui n’est jamais qu’un autre soi-même, et sans doute plus encore…
édition avril 2017 178 pages