Tout ce qui concerne les Juifs est sujet à maintes discussions dans l’Europe d’après la Shoah. Ces dernières années, le débat sur l’antisémitisme a pris une ampleur considérable, le mal se manifestant à nouveau sur le Vieux Continent. En France, ce fut sous une forme meurtrière, dont l’assassinat d’enfants à Toulouse en 2012 ou l’attentat de l’Hyper Cacher en 2015. Ce livre tente, après d’autres, d’expliquer les racines de ce renouveau antisémite. Il le fait du point de vue d’un historien engagé dans la gauche radicale depuis 1968, et qui tente de comprendre pourquoi « la gauche de la gauche » s’est si peu mobilisée dans les années 2000 contre ce nouvel antisémitisme, elle qui avait proclamé en 1968 « Nous sommes tous des Juifs allemands ». Les explications ne résideraient-elles pas dans le fait que des populations nouvelles, elles-mêmes discriminées, reprennent à leur compte la haine des Juifs ? Et dans la politique de l’État d’Israël, qui viendrait perturber les combats anciens contre l’antisémitisme ?</p>
Mais ce n’est pas la seule question qu’aborde Robert Hirsch dans cet ouvrage. Il part à la recherche du lien entre la jeunesse juive des années 1960-1970 et la gauche radicale. Intéressé par l’ampleur de la participation de ces jeunes Juifs et Juives à la radicalisation gauchiste, il tente d’en explorer les raisons. Le livre décrit également la distanciation qui s’opère entre la gauche radicale et les Juifs, ainsi que les modifications générationnelles qui l’expliquent.</p>
Au total, un ouvrage qui, du sein de la gauche radicale, tente d’étudier l’évolution des liens forts entre elle et les Juifs, mais aussi ses hésitations à propos du retour de l’antisémitisme, en prenant garde de ne pas tomber dans les caricatures trop souvent présentées à ce sujet. Un livre qui relie une actualité souvent dramatique à une histoire plus complexe qu’on ne veut bien le dire. Une voix qui rappelle combien ce qui concerne les Juifs est au cœur des problèmes contemporains et qui affirme que la gauche radicale n’a pas le droit de s’en désintéresser.</p>édition : juin 2017