A la fin du me siècle, plus de cinquante millions de personnes moururent dans d'épouvantables famines qui survinrent quasi simultanément en Inde, au Brésil en Chine et en Afrique. Déclenchées par le phénomène climatique aujourd'hui connu sous le nom d'El Nino, la sécheresse et les inondations provoquèrent des épidémies terribles, l'exode des populations rurales et des révoltes brutalement réprimées.
C'est cette tragédie humaine absolument méconnue de l'histoire économique mondiale que Mike Davis relate dans cet ouvrage. Il montre en particulier comment la « négligence active » des administrations coloniales et leur foi aveugle dans les dogmes du libre-échange aggrava de façon meurtrière ces situations catastrophiques. Dans ce livre, où la profusion des témoignages et des documents et l'intensité du récit appuient une démarche scientifique ambitieuse, Mike Davis offre une description saisissante des méfaits du colonialisme et de son régime politique et économique. Il présente ainsi un autre regard sur la naissance du tiers monde, en construisant une double histoire économique et climatique du développement : cette « écologie politique des famines coloniales » conduit à penser l'interconnexion des deux grandeurs, naturelles et humaines, dans le cadre ce qui était déjà, au xixe siècle, un « système-monde ».
Pour cette raison, le livre de Mike Davis est aussi une contribution majeure à une histoire critique de la mondialisation, qui s'efforce d'articuler, en les mettant à l'épreuve, les références à un marxisme non dogmatique et celles de l'écologie politique. À bien des égards, Génocides tropicaux ajoute un chapitre important, historique, au grand « livre noir du capitalisme libéral ».
Chercheur indépendant doté d'une grande curiosité interdisciplinaire, personnage inclassable de la gauche américaine,est l'auteur
de nombreux ouvrages parmi lesquels City of Quartz, Los Angeles capitale du futur (La Découverte, 1998 ; nouvelle édition 2000, poche 2006).
479 pages
Edition : mai 2006