Mai 68! Soudain, événement imprévisible, il fut possible de demander l'impossible.
L'explosion fut si surprenante que les hommes du pouvoir faillirent le perdre. Partout ce ne fut que contestation et chienlit, barricades et occupations d'usine, grève générale ouvrière et « enragés »...
Puis « situation révolutionnaire sans révolution », ce fut le reflux, Grenelle, la défaite électorale... mais un nouveau cycle de lutte de classes qui secouera la France et l'Europe pendant 10 ans...
Menée tambour battant, l'analyse d'Henri Lefebvre, écrite pourtant à chaud, ne s'attarde pas sur les faits. Il nous propose une analyse en forme de clips. Il pose des questions, plante des repères, dégage des pistes de réflexion, passe au crible de la critique l'événement, la contestation qui ébranle l'État, le marxisme qu'il faut (dés)altérer, Herbert Marcuse et sa société close, la spontanéité, le romantisme révolutionnaire, les stratégies débordées et inadaptées, la gauche paralysée, la dualité des pouvoirs qui demeure bloquée, l'absence de projet de société...
Et pourtant, demeurent la contestation et l'autogestion à la fois brèche et processus possible...
Ni nostalgie ni évocation, ce livre est un « brûlot » typiquement soixante-huitard dans son inspiration politique et dans sa stimulation théorique. A trente ans de distance, il nourrit toujours les interrogations sur les possibles de l'histoire, sur les possibles d'un passé encore proche et d'un avenir à construire.
Préface, postface, chronologie et prolongements... par Pierre Cours-Salies, René Lourau et René Mouriaux
Edition : 1998