Témoin privilégié d'un siècle qui trébuche d'erreurs en horreurs, Ciliga fut l'un de ces rares intellectuels à ne pas s'en tenir aux confortables théories qui finissent par justifier les maux qui nous accablent ou au moins quelques systèmes qui devraient nous gouverner. Traquant sans cesse la réalité à travers vents et marées - ou plutôt à travers tempêtes révolutionnaires et raz-de-marée de la décomposition -, son itinéraire exceptionnel, de la Révolution russe à la "perestroïka", se double d'une réflexion continue sur le sens et l'avenir d'une humanité prise au piège de ses renoncements.
On appréciera à sa juste valeur son étude d'une Yougoslavie sous la menace extérieure et intérieure (titre d'un de ses livres) : puisque aujourd'hui, plus que jamais, l'histoire bégaie dans les Balkans.
Ne remarquait-il pas qu'en 1941, a«Pavelitch fut la conséquence et la réplique du roi Alexandre et de Mikhcülovitch. Tous trois se sont assommés comme des frères ; leurs aspirations et leurs méthodes furent semblables» ?
Dès 1951, dans le texte, Le problème national, problème capital pour la Yougoslavie, Ante Ciliga en historien du monde slave et balkanique nous éclaire sur tous les problèmes culturels et religieux, ferments de futurs conflits à venir ...
Ciliga s'est fait connaître notamment par son livre, Dix ans au pays du mensonge déconcertant. Il est mort à Zagreb en octobre 1992.
255 pages
Edition : 1994