Cet ouvrage entreprend d'étudier l'activité déployée par Marx au sein des structures militantes dans lesquelles il est intervenu au cours de sa vie (Ligue des communistes, Association internationale des travailleurs, social-démocratie allemande). Il s'appuie sur l'exégèse des traces de cette activité auxquelles les sources nous donnent accès, en particulier les procès-verbaux des réunions auxquelles Marx a participé et la correspondance qu'il a entretenue avec de nombreux dirigeants ouvriers.
L'analyse de ces documents montre qu'aux yeux de Marx les partis ne constituaient nullement de simples caisses de résonance, dont la vocation principale aurait été d'accroître la diffusion d'idées déjà élaborées en amont de façon solitaire, mais qu'ils faisaient au contraire figure de véritables laboratoires théoriques. L'une des principales conclusions de ce travail de recherche est la mise en évidence de la centralité de la distinction entre parti et secte, le premier étant compris comme une forme saine, la seconde comme une modalité pathologique de l'organisation de classe.
Marx pense en effet le parti comme une structure démocratique dont le discours s'élabore toujours de façon collective et en lien étroit avec la pratique réelle du mouvement ouvrier. De ce point de vue, la logique partisane s'oppose à la pratique sectaire, vestige anachronique du temps des sociétés secrètes, qui se caractérise par sa croyance aux recettes miracles et sa tendance au culte du chef charismatique.
édition : juillet 2023