Juin 1980, les militant-e-s de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) sont rassemblés en congrès national. Ils font le constat, amer, que, plus de dix après sa création, en avril 1969, celle-ci dispose, toujours, d’une implantation, au sein de la classe ouvrière industrielle « anormalement » insuffisante, pour une organisation marxiste révolutionnaire, défendant les intérêts immédiats et historiques, de ce qui est considéré, encore, comme étant le « sujet de l’émancipation », au sein de la société capitaliste.
Tandis que l’arrivée des gauches au pouvoir, attendue et espérée, doit ouvrir, selon la LCR, une nouvelle période d’insubordination ouvrière intense, il s’agit pour celle-ci d’être présente dans les principales entreprises privées, des « secteurs clés de l’industrie ».
Pour ce faire, les militant-e-s non ouvriers, de l’organisation trotskiste, sont invités à envisager, sérieusement, une reconversion professionnelle.
Reposant sur les récits de vie d’une dizaine de militant-e-s, ayant consenti à cette forme d’engagement hors norme, c’est-à-dire de celles et de ceux qui ont volontairement « changé de vie » pour contribuer à « changer la vie », directement dans les entreprises, c’est-à-dire « être là où ça se passe », ce livre tente de rendre justice à cette politique de « prolétarisation ».
Malgré son échec relatif, intervenant dix ans après la politique d’établissement mémorable, et spectaculaire, impulsée par les organisations dites « maoïstes », la politique volontariste de la LCR est restée, a contrario, superbement ignorée par l’historiographie, et oubliée de la mémoire collective.
Ainsi, mérite-t-elle d’être (re)connue par le plus grand nombre, et c’est ce à quoi ce livre s’attelle, humblement. Il s’agit de montrer ce que certains militants-e-s révolutionnaires étaient prêts à faire, à une époque où la classe ouvrière industrielle exerçait, encore, un grand pouvoir d’attraction, sur les gauches révolutionnaires
édition : juillet 2024