Pour une sociologie du mouvement

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Utilisées tant par les gestionnaires de l'industrie que par les administrateurs des Etats, les sciences humaines et sociales ont pris la forme de multiples enquêtes, chacune d'entre elles menées avec les hypothèses et les notions appropriées à leur projet originel. De ce fait, ces recherches peuvent difficilement être combinées ou synthétisées : les mêmes mots s'appliquent à des réalités différentes ; les disciplines s'ignorent les unes les autres ; les sociologues inventent une psychologie particulière à leur convenance ; les économistes ignorent les structures collectives ; et les psychologues ne discernent dans le donné que les affections du sujet individuel... 
Il convient donc de restituer, par-delà la variété des langages et des méthodes, l'objet commun à toutes ces sciences. Et, par suite, de décrire, à tous les étages du système, les mouvements qui recomposent en permanence les figures du collectif. On pourra alors donner sens à ces phénomènes sociaux énormes, ignorés pourtant de la science officielle ou considérés comme négatifs : les grèves, les conflits, les colonisations, les révoltes, les guerres... 
L'enquête épistémologique, menée avec rigueur, oblige ainsi à restituer les aspects politiques de l'évolution planétaire, elle met au jour les profondes transformations qui altèrent obscurément la logique même de l'organisation capitaliste du monde. Pierre Rolle, sociologue au CNRS, explicite dans les quatre essais réunis ici la nécessité de recourir à une sociologie du mouvement. Ce texte est étayé et complété par deux de ses collègues, eux aussi sociologues, Paul Bouffartigue et Caroline Lanciano-Morandat qui ont rassemblé des analyses et des documents propres à éclairer les travaux de cet auteur, et à les situer dans l'histoire récente de la discipline comme dans sa vie personnelle

édition : avril 2022